: Note d’intention
Dire Par Le Corps
Je suis née de parents sourds. C’est de mes deux langues et cultures qu’est né mon intérêt pour le langage et la
perception. Après la création d’une pièce sans paroles intitulée Senza Forma, j’ai découvert Miracle en Alabama
à travers le film d’Arthur Penn. J’ai été touchée par l’histoire de cette enfant devenue sourde et aveugle - de ces
personnes que l’on ne voit pas et dont on imagine à peine l’existence. L’expression corporelle de ce personnage s’est
révélée comme une première synthèse de mon rapport au théâtre et de ma langue maternelle. J’avais trouvé un
personnage physique à travers lequel je pouvais dire par le corps, très loin des mots.
Le langage et le rapport au monde de cet être sourd-aveugle sont apparus comme une forme de transfiguration
nocturne de la langue que j’ai eu pour héritage : un langage appelé par l’image, fait de gestes et de
mouvements, qu’est celui de la Langue des Signes. Le langage de cette enfant, qui nous rappelle celui de L’enfant sauvage de François Truffaut, est primaire, même originel. Ses gestes muets, créés de l’intérieur, constituent un
langage d’action, manifestant les besoins du corps, les sentiments, en se percutant soi-même, et en palpant le monde
figuré autour d’elle.
La corporalité de cette pièce, comme on dirait de la musicalité, permet une transversalité d’écriture et de composition
de jeu riche en mouvements intérieurs et extérieurs. S’immerger dans un monde comme celui-ci, c’est finalement
imaginer un autre regard, une autre perception de l’espace et du temps, comme ce le fut auparavant avec Deafman Glance / Le regard du sourd de Bob Wilson.
Sabrina Dalleau
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.