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: Une écriture qui bouscule l‘ordre classique

Porneia part d’un fait divers, daté et précis.
Mais personne ne saurait vraiment dire ce que signifie ce texte. L’essentiel est laissé en suspens.
Porneia questionne sans doute le recommencement perpétuel du temps ; temps qui déchire et défait, ouvrant dans un même mouvement une brèche dans l’espace suffocant du monde, par où s’insinue le sens possible d’une vie nouvelle.
Porneia dit la loi du temps, qui dissipe toutes les choses vivantes comme si elles étaient dotées d’aussi peu de substance que la rosée qui s’évapore sous le feu du soleil matinal.
Ce texte laisse entendre qu’il y a quelque chose dans le cœur de l’homme qui ne se résout pas tout entier.
Et ce trouble, ce quelque chose qui rode, ce mystère et cette énigme qui planent dans cette pièce, imposent une forme, un rythme au texte lui-même. Porneia s’impose alors comme un acte artistique majeur dans le paysage théâtral actuel. Une attitude féconde. Propice à la création.


L’écriture de Frédéric VOSSIER fait voler en éclats un certain ordre classique de l’interprétation, en mettant en péril les notions de personnage, de récit et de psychologie. Il exprime cette discordance prodigieuse dans laquelle nous vivons.
« L'homme est épars et discontinu, et non pas momentanément, comme cela s'est produit à d'autres époques de l'histoire, mais à présent c'est l'essence même du monde d'être discontinu. Comme s'il fallait précisément édifier un monde - l'univers… - sur le caractère disloqué, discordant et fragmenté de l'être ou sur les manques de l'homme » (écrivait Maurice BLANCHOT à propos des Somnambules de Hermann BROCH).


Cette citation pourrait résumer à elle seule l’enjeu, la visée de ce que Frédéric VOSSIER compose.
Un théâtre des ombres, « obscur » diront certains, mais cette obscurité est là pour incarner l'insensé, l'indétermination, le flottement, le flou et le malaise qui disent la vérité de ce rapport spécifique au monde qu'est celui du parlant.


Le théâtre est là pour montrer cet arrachement de l'être, de l’être parlant à la muette stupidité du monde. Il a même pour but de dessiner ça dans l'espace, par des rythmes abstraits, violemment artificiels, non naturalistes. L'événement théâtral est là pour dessiner un lieu d'indécision, un espace d'indétermination du sens, pour témoigner de ce doute et affirmer que ce lieu est spécifiquement humain. Il faut que le théâtre maintienne cette pression de l'insignifiance du présent pour affirmer l'obscur et la difficulté, tout autant que la lumière et l’évidence.
Théâtre et poésie se rejoignent.

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