: Notes d’intention
J'ai épousé
Tu as épousé
Elle a épousé
Nous avons épousé
Vous avez épousé
Elles ont épousé
Elles,
Ce sont ma mère
et ses trois soeurs.
Elles,
Ce sont quatre images vidéo
qui enferment
l’acteur seul en scène.
Ce qui est factuel :
Geneviève, Marie-Louise, Bernadette et
Thérèse sont nées entre 1931 et 1938 à
La Giettaz, petite commune de montagne
en Savoie. Les quatre soeurs sont veuves.
Aujourd’hui, le temps a passé sur ces
veuves. Les époux n’ont pas été remplacés.
La vie s’est réorganisée autour de
l’absence.
Ce qui est fictionnel :
Du printemps 2010 à l’été 2011, nous
avons filmé ces quatre femmes à La
Giettaz.
Quatre temps de tournage étalés sur le
cycle des saisons.
Lentement un voyage à rebours s’est effectué
à travers le film de ces veuves.
Une friction entre mon intimité et la leur,
une distance entre ma mère, ses soeurs
et les quatre femmes qu’elles représentent
; une interrogation sur l’absence des
hommes, l’absence des pères et l’absence
des époux.
Le nom (d)ziettâ désignerait en francoprovençal
un lieu de rassemblement des
troupeaux, apparenté au mot français
gîte. Le site montagneux de La Giettaz, à
la fois oppressant et dramatique, n’a jamais
permis le développement économique
d’une station de sports d’hiver ;
Aujourd’hui, le village se vide et se meurt.
Épouses abandonnées par la mort des
époux, rivages à l’abandon, que m’ontelles
transmis après ces vingt années de
solitude ?
Ce qui est présent sur le plateau :
Un acteur et quatre images vidéo.
Un homme au milieu de quatre images
projetées.
Quel est cet homme ?
Il est le manque,
Il est l’épouse,
Il est le mari,
Il est celui qui entreprend ce voyage
à rebours,
Il est la parole des femmes,
Il est ce qu’elles disent et ce qu’elles
taisent.
En 2006, avec l’écriture du spectacle
Fermez vos yeux, Monsieur Pastor, je
plongeais aux racines d'un désordre
neurologique : l’épilepsie. J’étais épileptique
depuis l’âge de quinze ans. Avec
l’écriture et le théâtre, je comblais les
vides et les absences. Je fouillais ma
mémoire et détournais mes vidéos de
famille.
À travers l’écriture d’“Odette”, je retrouve
le matériau intime et la vidéo.
Avec la complicité de ma mère et de
ses soeurs, je fouille leur mémoire pour
en restituer une parole unique, mythique,
qui serait celle d’une Pénélope
qui a très bien compris que son homme
ne reviendrait plus.
Gilles Pastor
novembre 2011
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