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Noces de sang

mise en scène William Mesguich

: Note d'écriture

Noces de sang trouve sa source dans un fait divers datant du 25 juillet 1928, ça s’est passé dans une ferme aux alentours d’Almeria. Un drame comme on n’en inventerait pas, paraît-il…
Lorca attend trois ans avant d’écrire sa pièce, « ce mélodrame au titre accrocheur », écrite pour toucher les foules. Il y traite, entre autres, de deux thèmes qui préoccupent l’époque : le sexuel et le social, j’y ajouterai l’honneur, car bien qu’omniprésent dans l’Andalousie de début du XXème siècle, il enveloppe littéralement toute la pièce.


Dans la culture gitane, le père est avant tout un fils et si les chants ne louent que la mère, Noces de sang n’échappe pas à la règle. Le fiancé reste un fils, et la vraie tragédie est peut-être celle de la mère qui va perdre un fils, encore, telle une malédiction.


Lorca, défend un théâtre pour le peuple, il va jouer là où le théâtre n’est pas, dans les villages, dans les bourgades reculées. La « Barraca » (« c’est un théâtre universitaire, unique » dit Lorca) se lance sur les routes d’Espagne, monte des classiques en version intégrale comme La vie est un songe de Calderon, ou les pièces de Lope de Vega. Elle veut faire redécouvrir le théâtre classique au peuple. « Un seul public nous boude : le public intermédiaire, la bourgeoisie frivole et matérialiste. » Tragédie en trois actes et sept tableaux, la pièce est l’histoire d’une histoire d’un mariage contraint, on ne saurait guère dire mieux, puisque les deux hommes s’entretuent et la femme demeure, béante devant sa faute, cette faute qu’elle ne pouvait s’empêcher de commettre, car la Terre la guidait. L’homme, la femme, l’autre, celui qui rôde, la mère qui sait déjà qu’elle perdra encore un fils, le père, déjà veuf, et les autres, ces figures allégoriques, tels le duo Mort-Lune, sublime, ou les deux jeunes filles juvéniles qui entourent la fiancée.



Tout semble inscrit. Le cheval qui galope la nuit, jamais rassasié, jamais fatigué. Ils ont beau lutter, les personnages ne peuvent résister au feu qui brûle en eux, malgré eux. Ils agissent, au détriment de la société, de la loyauté, de l’intérêt général, de la famille. Cette pièce exprime la lutte contre ses désirs, sans courber l’échine. La pièce de Lorca résonne au-delà du contexte d’une Andalousie (et d’une Espagne) archaïque et matriarcale. Noce de sang est un drame, oui un drame comme il s’en passe aujourd’hui, dans les villes ou les campagnes, où un homme a perdu la tête, où une femme s’abandonne alors qu’elle n’aurait pas dû, où la mort s’en mêle car elle semble la seule résolution possible.

Charlotte Escamez

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