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Morts Sans Sépulture

+ d'infos sur le texte de Jean-Paul Sartre
mise en scène Audrey Bertrand

: Note d’intention

« Un grenier éclairé par une lucarne. Pêle-mêle d’objets hétéroclites. Canoris, Sorbier et Lucie sont assis. François marche de long en large. Henri dort couché par terre.»


C’est dans ce contexte d’enfermement et d’oppression que le spectateur va peu à peu s’identifier à ces personnages traversés par des émotions, souvent contradictoires. “Morts sans sépulture” dépeint le tableau de résistants pris au piège durant la guerre, mais surtout le caractère profond et immuable de l’Homme.


Arrêtés alors qu’ils ne détenaient aucune information, ces cinq résistants supportent d’autant moins la torture qu’ils ne lui trouvent pas de sens. L’entrée de leur chef leur en apporte un. Désormais, ils ont quelque chose à cacher.


Ce secret, si salvateur à première vue, se révélera rapidement être la cause première de l’autodestruction du groupe. Alors qu’ils se font violenter tour à tour, lutter pour le dissimuler devient pour tous une obsession. Une volonté de se battre ensemble pour une cause collective ou la réaction d’un orgueil personnel ? La philosophie de Sartre s’impose d’elle-même. Des questionnements forts sur l’être humain, des personnages plus que réels qui rendent la pièce passionnante.


« L’important c’est de gagner, (…) il y a deux équipes, l’une qui veut faire parler l’autre »


Le cloisonnement, le poids des autres et les tortures, entre honte et haine, entraînent la divagation de chacun. Cette lutte intérieure et la démence qui en résulte captive le spectateur et l’oblige à se rendre à l’évidence : cette folie dévastatrice, il pourrait facilement y tomber.


Les résistants sont prêts à tout pour gagner face à leurs bourreaux. Sorbier se suicidera pour ne pas parler, certains le prendront pour un lâche, d’autres pour un homme courageux. Mais comment savoir qui a raison ?


Et pourquoi vouloir mourir ? Pour des idées, par amour, par orgueil ? La pensée de Sartre s’invite chez le spectateur, qui n’a plus de réponse. La mort du petit François, tué par les mains d’Henri pour assurer son silence, créera un sentiment de malaise chez le spectateur, qui se questionnera sur sa propre nature. Difficile d’admettre qu’on s’identifie à ces hommes dont l’évolution, les pensées et les actes nous dérangent tellement.


En parallèle, les bourreaux ne se montrent pas dévoués à une cause qu’ils pourraient penser juste. Ils discutent de leur mort prochaine, inévitable. Ils prennent plaisir à torturer mais ne supportent plus le silence auquel ils doivent faire face. La folie s’empare d’eux à leur tour. Peu à peu la différence entre résistants et bourreaux s’estompe, chacun oscillant entre humanité et déshumanité.


« - Les salauds (…). Tous. Les Allemands aussi. Ils se valent tous. Si c’était à refaire... - Moi je crois que je ne regrette rien. J’ai bien rigolé.»


Un instant de vie passionnel, magistralement dirigé par la philosophie de Sartre.

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