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Me zo gwin ha te zo dour ou Quoi être maintenant ?

+ d'infos sur le texte de Marie Dilasser
mise en scène Michel Raskine

: Présentation

LE PROPOS



Lors du Festival Temps de Paroles 2005, dont une partie intitulée "Cartel" est réservée à la commande de texte d'auteurs contemporains, Philippe Delaigue et Christophe Perton ont décidé de présenter sept courtes pièces écrites par la première promotion d'écriture dramatique de l'ENSATT. La mise en espace de l'une d'elle a été confiée à Michel Raskine, directeur du théâtre du Point du jour à Lyon : Quoi être maintenant ? de Marie Dilasser.
Cette petite merveille, atroce et drôle, de 20 minutes fut créée à la Comédie de Valence dans le cadre de ce Cartel 2005.


C'est aujourd'hui une nouvelle création, fabriquée à Valence par les mêmes artisans, qui voit le jour Me zo gwin ha te zo dour ou Quoi être maintenant ?


La pièce se découpe en trois actes, puis trois intermèdes entre Le Taureau Fort Distingué, La Truie Angora Rousse et La Brebis Carnivore, un dimanche nuit dans la grange à foin.
La conversation tourne autour de leurs conditions de vie (mises bas, prises de sang et noir avenir) et de leurs patrons et propriétaires Elfie Razhad, Paule Kadillac et Boruta Priscillone, les personnages principaux de ce triptyque : Boruta le sans papier revendiqué, Paule la fille qui voulait renaître homme, Elfie la mère qui voit partir en un seul jour son époux et sa maîtresse...


Trop à l'étroit dans leur sexe, leur âge, leur nationalité, inqualifiables et irréductibles, les personnages de Marie Dilasser se débattent et tentent de se libérer du joug de l'identité. En mai 2005, la Comédie de Valence avait permis la rencontre fulgurante et évidente de l'univers de cette jeune auteure issue de l'Ensatt et de celui de Michel Raskine, qui a souhaité prolonger cette rencontre.
Rendez vous donc avec les cobayes - enthousiastes - des expérimentations drolatiques et sensées d'une écriture atypique.




J'ai commencé à écrire du théâtre entre 1995 et 2001.
En 2003, je suis entrée à l'Ensatt dans le département écriture dirigé par Enzo Cormann et cela m'a permis de vérifier la ténacité de ce plaisir.
La première année le sujet est libre, le travail est surtout personnel et les rendezvous essentiels sont fixés un jeudi sur deux: C'est "le studio". Trois morceaux de textes sont passés au crible par nous-même, les étudiants (Samuel Gallet, Sabine Tamisier, Thibault Fayner, Silvère Valtot, Cédric Bonfils et moi-même) et par Enzo Cormann, Pauline Sales, Vincent Bady, Fabrice Melquiot et Jean-Pierre Siméon. Ça chipote là-dedans, chacun avec son oeil et c'est comme ça qu'on apprend. Les détails du sujet comptent plus que le sujet en lui-même tant que celui-ci donne l'impulsion nécessaire à l'auteur pour défier les clichés et se laisser surprendre par une phrase ou une action inattendue qui invite à un geste radical.


Mon premier texte "Décomposition d'un déjeuner anglais" a été pour moi un support pour découvrir ce qu'il est possible d'écrire au théâtre par rapport à ce que j'en attends, c'est à dire une "manifestation" (dans le sens qu'elle prend dans la rue.) Pour l'instant, c'est le mot qui me vient pour désigner cette chose un peu brutale que j'imagine être "le théâtre". Pour compléter le studio, nous avons eu pendant trois ans des ateliers de réflexions philosophico-politico-dramaturgique avec Olivier Neveux, des comités de lectures avec Mireille Losco, de la traduction avec Denys Laboutière ainsi que des ateliers de lectures avec Dominique Laidet.


En deuxième et troisième année, nous avons découvert des morceaux du paysage théâtral français à travers des commandes de pièces brèves passées par différents festivals consacrés à l’écriture dramatique contemporaine (La Mousson d'été dirigé par Michel Didym à Pont à Mousson, Temps de paroles à la Comédie de Valence, Je est un autre, scène ouverte) pour d’autres festivals, nous avons été des « journalistes » occasionnels (les Langagières à la Comédie de Reims, Regards croisés du Troisième bureau à Grenoble.)


A travers ces différentes expériences, l'école nous a permis de rentrer par la grande porte, et de faire des rencontres importantes. Comme celle avec Michel Raskine, qui a mis en scène un court texte intitulé Quoi être maintenant? interprété par Claire Semet, Hélène Viviès et les musiciens Aymeric Avice et Pierre-Antoine Badaroux (élèves de Riccardo Del Fra au Conservatoire national supérieure de musique de Paris) au festival Temps de paroles. Le travail sur mon écriture a plu à Michel Raskine et je voulais depuis longtemps faire un triptyque à cause des tableaux de Francis Bacon, les choses se sont faites avec l'appui de la Comédie de Valence et notamment, celui de Pauline Sales, d'Enzo Cormann sans oublier le soutien de l’Ensatt.


Me zo gwin ha te zo dour ou Quoi être maintenant? est donc une sorte de manifestation ou de parade en trois volets sur des questions identitaires qui vont avec le conditionnement (d'où la présence des animaux entre chacun des volets). J'ai choisi ce sujet, d'une part parce qu'il m'invitait à faire éclater la vieille et pauvre notion d'identité administrative collée à tout individu. Et d'autre part, cela m'a aidée à élucider un peu plus mon "projet théâtrale" dont le postulat de départ est de suivre toujours les même personnages qui se retrouvent dans des lieux, des situations et des relations différentes à des âges différents. Cela parce qu'une vie humaine est autant faite de "c'est comme ça" que de possibles et de virages inattendus.
Ces personnages sont pour moi, en quelques sortes, des moteurs de recherches pour comprendre et analyser un monde qui me déplaît autant qu'il me plaît.
Après, il est évident que le geste d'écrire du théâtre me fascine parce que c'est un moyen de faire travailler et de concrétiser des pensées qui me traversent (dans leurs potentialités à faire "changer le monde") et que la représentation devant une assemblée remet en mouvements.
Mais c'est un geste un peu difficile et parfois désespéré pour que je puisse en faire mon métier alors, comme j'ai la chance d'avoir rencontré un paysan qui élève quelques brebis, vaches et truies, alors, je me spécialise dans les truies et le théâtre.


Marie Dilasser

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