Du jeu, avec le réel, le public, le corps, la voix, le son, les objets et l’espace. C’est grâce à l’interaction entre théâtre, musique, magie et scénographie que nous souhaitons faire naître ce sentiment d’étrangeté et de mystère qui existe dans Matin et Soir.

L’actrice
Une seule pour «incarner la narration», donner vie à tous ces morts. Étant tous les personnages à la fois elle est Personne, celle à travers qui toutes les voix du récit sonnent Il ne s’agit pas de représenter mais de traverser les sensations. Il n’y a pas de toi, ni de moi là où nous allons dit Peter à Johannes. Elle s’adresse au public comme à un témoin, un confident avec qui elle va partager une expérience. Et d’autres fois happée par un personnage, elle l’oubliera pour se plonger et se perdre dans la situation.

La musique
Le son est une marque de vie : un coeur qui bat, du souffle, des vibrations. Le silence est dans la mort, où il est d’ailleurs très beau à entendre. Il y a le bruit du monde et celui de nos voix intérieures et ils font naître la parole. La musique, ici contribue à faire exister ce monde de l’entre deux, à l’orée du langage et au tréfonds de notre mémoire.

La magie
C’est une autre façon d’appréhender la réalité du monde, Les objets de la vie quotidienne sont extrêmement présents dans le récit de Jon Fosse et semblent eux aussi porteurs d’une âme. Cette présence fait contrepoint à l’absence de Johannes.

L’espace et la lumière
C’est une histoire que nous voulons raconter dans la proximité et la complicité avec le public dans n’importe quel lieu qui pourra l’accueillir en jauge restreinte. La scénographie est un espace de jeu imaginaire. Elle est constituée de blocs de différentes hauteurs évoquant des rochers affleurant à la surface de l’eau ou un morceau de la cuisine de Johannes, comme autant d’accroches possibles à la mémoire et au surgissement du récit.

Anne Dupagne et Christine Koetzel

octobre 2013