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Matin et soir

+ d'infos sur le texte de Jon Fosse traduit par Terje Sinding
mise en scène Christine Koetzel

: Présentation

Le passage, la frontière, les limbes, l’entre-deux, entre la vie et la mort, entre la fiction et la réalité, entre le dedans et le dehors, entre le jour et la nuit, entre le chaud et le froid, entre les coulisses et le plateau. Un vide à apprivoiser, où subsiste de l’imprévu. C’est une zone de déséquilibre, de mouvement, d’action. Mouvement de l’entrée et de la sortie d’homme, de l’inspir et de l’expir, de l’amour, du flux et du reflux des vagues.
C’est cet endroit particulier qui est sollicité dans ce magnifique roman et que nous aimerions explorer, entre théâtre et récit, entre musique des instruments et bruissement du monde.
L’écriture de Jon Fosse est une véritable partition musicale, ciselée, répétitive avec d’infimes variations et peu de ponctuation. Elle passe subrepticement de la narration à la personnification, glisse d’un personnage à l’autre et accomplit la prouesse de nous embarquer dans un lointain voyage dans le temps et l’espace. J’ai lu Matin et Soir d’une seule traite, avec l’envie de dire à haute voix, d’un souffle et de partager cette histoire. Il ne s’agit pas de théâtre mais il n’est pas loin : la sensation d’un réel qui n’est pas réel, l’extra-ordinaire de la banalité du quotidien, l’étrangeté du rêve, le mystère de la présence et de l’absence, l’adresse au lecteur/spectateur. Tout pourrait se passer dans un lit puisque Johannes naît et meurt dans son alcôve. Et pourtant tout s’ouvre sur l’infini. Du néant vers le matin de sa vie le petit Johannes flotte dans l’eau du liquide amniotique, traverse le rouge et la chaleur du ventre de sa mère ; de plusieurs il devient un, séparé des autres. Au soir de sa vie, il accomplit le mouvement inverse et se dissout dans l’immensité de la mer confondue avec le ciel.
De l’eau et encore de l’eau, du début à la fin, un mouvement qui se renouvèle sans cesse. Car il est aussi question de continuité dans cette histoire, de transmissions, de celle d’un père à son fils puis de celui-ci à sa fille Signe, la seule vivante du récit. Le passé devient présent, les morts parlent et traversent les vivants.
Et, le théâtre n’est-il pas le lieu où faire parler les morts ? L’acteur n’est-il pas un vivant traversé par un qui n’est pas ? C’est en tous cas ce qui continue de me fasciner de part et d’autre d’ un plateau, cet endroit d’aiguisement des sensations, de grande attention à la vie et de concentration qui me permet d’apprivoiser le réel.

Christine Kœtzel

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