: Le texte
Fils d'une famille patricienne de Zurich, celui qui a écrit ce livre sous un pseudonyme fut ce qu'on appelle
un enfant bien élevé. Dans la somptueuse villa, au bord du lac, régnait l'entente parfaite. Un certain ennui
aussi, qui tient à la bienséance. Non sans humour, Zorn nous décrit les petits travers de ses parents.
Humour ? Le mot est faible. Disons plutôt une noire ironie, celle du jeune homme qui, découvrant qu'il est
atteint du cancer, pense aussitôt : naturellement..
Ce livre n'est pas une autobiographie. C'est une recherche, une analyse des causes de la maladie,
entreprise, avec l'énergie du désespoir, par un condamné qui n'a pas voulu mourir sans savoir pourquoi..
Prisonnier de sa famille, prisonnier de son milieu, prisonnier de lui-même car il était, en tout, sage et
raisonnable, Fritz Zorn présentait aux yeux du monde et, ce qui est bien plus grave, à ses propres yeux,
l'image d'un jeune homme sociable, spirituel, sans problèmes. Le jour où cette façade a craqué, il était
trop tard..
Trop tard pour vaincre le mal mais non pas pour écrire ce récit qui est non seulement bouleversant mais
intéressant au plus haut degré : jamais les contraintes et les tabous qui pèsent, aujourd'hui encore, sur les
esprits soi-disant libres, n'ont été analysés avec une telle pénétration ; jamais la fragilité de la personne, le
rapport, toujours précaire et menacé, entre le corps et l'âme, qu'escamote souvent l'usage commode du
terme «psychosomatique», n'a été décrit avec une telle lucidité, dans une écriture volontairement neutre,
par celui qui constate ici, très simplement, qu'il a été « éduqué à mort ». Il avait trente deux ans.
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.