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Les Souffrances de Job

mise en scène Laurent Brethome

: Le Livre de Job selon la Bible

Le Livre de Job constitue un des chefs-d’oeuvre de la littérature hébraïque ancienne, sans doute, comme le suggère Spinoza, écrit en araméen ou en arabe puis traduit plus tard en hébreu. Rappel : Job, jusqu’alors riche et comblé par la vie est frappé par une rafale de calamités inexplicables. Il est poussé par sa femme à maudire Dieu, et harcelé par des «amis» qui, sous prétexte de le plaindre, cherchent à lui faire avouer un péché qu’il aurait commis et dont sa disgrâce serait l’effet. Job ne fléchit pas et réclame que Justice soit faite allant jusqu’à appeler Dieu comme témoin devant Dieu, comme juge…
Philosophes, poètes et psychanalystes ont consacré de vastes études à ce « mythe ». Si notre Europe est familière avec ceux issus de Grèce, elle connaît mal ceux issus d’autres civilisations surtout quand ils contribuent encore à une religion vivante. Mais philosophiquement, rien n’empêche de considérer Job comme un mythe…


  • « Dans le langage courant, le mythe signifie tout ce qui s’oppose à la réalité. Pour les sociétés primitives, le mythe est censé exprimer une vérité absolue, parce qu’il raconte une histoire sacrée, qui a eu lieu à l’aube du Grand Temps, dans un temps sacré des commencements (in illo tempore). Étant réel et sacré, le mythe devient exemplaire et par conséquent répétable, transformable, plastique, car il sert de modèle. »
  • Mircea Eliade

Formellement, le texte se présente comme poème, voire poèmes au pluriel car les exégètes penchent pour une écriture multiple réalisée sur plusieurs siècles. La similitude du livre avec un découpage théâtral a frappé. En 1587, Théodor Beza a divisé le livre en actes et scènes.


Il y a donc comme une continuité à ce que le plus brillant poète dramatique israélien, et l’un des auteurs mondiaux les plus importants du XXe siècle, Hanokh Levin, s’attaque à ce mythe et aborde la « question de la Justice ». Et face à cette transposition dramatique, Levin retourne formellement à un découpage littéraire.


La première partie de sa pièce suit le livre mais il en perturbe le déroulement en proposant des causes matérielles et « réalistes » aux injustices que Job subit. Il place l’oeuvre au temps des conquêtes romaines. Une fois Job empalé pour avoir refusé de renier Dieu, il est exhibé dans un cirque. Dans la scène ultime de l’agonie, il nie l’existence de Dieu, sans qu’on puisse déceler s’il s’agit d’une conséquence de la souffrance absolue ou une décision délibérée. Hanokh Levin est trop fin et respectueux de son public pour imposer un sens…


La pièce oscille entre la tragédie, le burlesque et la comédie musicale, la pièce étant ponctuée dans un effet de distance, par des chansons.
Comme le dit Nurit Yaari (1) : « cette collusion de l’horreur et du sublime cherchait à provoquer dans le public une prise de conscience, à le tirer de son sommeil moral pour le conduire à l’humanisme et à la tolérance ».


(1) Conseillère artistique du Théâtre Khan de Jérusalem, elle est professeur et directrice du département d’études théâtrales de l’université de Tel-Aviv, spécialiste du théâtre grec antique, israélien et français contemporains

Daniel Hanivel

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