Max – Maurice Aufair

Max est un vieil homme solitaire et amer. Il garde un point de contact avec ses fils à travers les matchs de football et les pronostics de turf. Sinon rien. Il sent le mépris de Lenny. Joey refuse de l’accompagner aux matchs et le traite de vieux. Son frère Sam l’ignore et le tourmente. Pour lui, tout est devenu rapport de force pour exiger un peu des respect ou de tendresse. Il est fort à parier qu’autrefois il ait trempé dans des histoires louches à Soho avec son 'ami', Mac Gregor, dans le monde de la pègre et de la prostitution, dont Lenny fait partie à présent.

Sam – Jean-Jacques Chep

Sam est un célibataire qui se raccroche à son métier. Il subit les humiliations de son frère et s’en plaint. Cela semble durer depuis longtemps. Peut-être autrefois était-il amoureux de Jessie, la femme de Max, ou jaloux de la relation ambiguë entre Max et Mac Gregor ? Mais sans doute ne lui a-t-il jamais avoué ses sentiments. Il en sait long sur les dessous de la famille, mais il se tait, sauf à la fin de la pièce où il déclare de façon décisive la vérité sur la conception d'un des fils de Max sur le siège arrière de son taxi.

Lenny - Raoul Teuscher

Il est le plus cynique de tous. Complexé, jaloux de Teddy. Sans scrupules, il est malgré tout vulnérable. Il en veut à son père, mais il a de bonnes relations avec Joey et Sam. Son bagout est son arme favorite quand il veut séduire. Mais devant Ruth qui le toise et le remet en place, il devient un petit garçon. Il comprend que Ruth et Joey ont échangé un moment de tendresse qu’il n’a jamais eu avec une femme. Il fait partie du milieu de la prostitution londonienne.

Joey – Sandro Palese

Il est en vérité le personnage le plus attachant de la pièce. Il s’isole dans son monde quand il se sent blessé. En conversation, il est lourdaud et très maladroit, parce qu’il n’a jamais pu trouver une place dans les conversations à la maison. Il propose de donner une partie de son modeste salaire pour garder Ruth et proteste violemment quand il s’agit de la partager. Il a une soif de tendresse incommensurable. C’est lui qui montre à la fin de la pièce, dans ces dégradations des relations humaines, qu' il a besoin d’amour et de tendresse.

Teddy - Edmond Vullioud

Il est parti aux USA pour échapper au milieu familial après la mort de sa mère. Fils de boucher, il est devenu un professeur de philosophie. La femme qu’il a épousée est du même milieu que le sien, mais refuse de le suivre dans son ascension sociale. La mère de Teddy, Jessie, a sans doute été par le passé infidèle à son père (l’aventure avec Mac Gregor sur la banquette arrière du taxi de Sam est un exemple, parmi d’autres, semble-t-il). Il a entrepris ce voyage pour changer les idées de sa femme. C’est un échec total. Orgueilleux, il perd tout. Orgueilleux, il laisse le soin à sa femme de choisir librement la voie qu’elle préfère. Peut-être qu’intimement, après cet échec, c’est ce qu’il veut. Se libérer d’un fardeau. Quand il apprend qu’elle désire rester, il ne fait pas un geste, ne proteste pas, ne l’encourage pas à changer d’avis. Il refuse de souffrir, il reste dans un 'équilibre intellectuel'. Lorsqu’il quitte la maison familiale, il est toutefois blessé dans son orgueil et profondément déçu.

Ruth – Sophie Lukasik

La vie d’épouse d’universitaire lui semble artificielle et elle regrette sa liberté d’autrefois. Il est évident que son mariage avec Teddy traverse une crise grave. Ruth comprend qu’elle ne veut plus jouer le rôle d’assistante, de mère, que lui impose son mari. Elle n’est sans doute pas très heureuse sexuellement avec Teddy. Ce voyage s’avère être un échec. Sur le plan moral, il est impossible de porter un jugement péremptoire sur Ruth, tant la complexité de sa nature est grande. Elle est à la fois, séductrice et castratrice, intelligente et stupide, calculatrice et passionnée. Elle fluctue tout au long de la pièce. Dans sa crise profonde, elle pense trouver une nouvelle liberté et accepte de se prostituer. Mais ne les quittera-t-elle pas tous dès qu’elle aura son appartement en ville ?
Son désespoir est latent dans cet accord sordide. Pour elle, le mariage et la famille ne signifient plus rien. Elle décide d’abandonner ses trois enfants qui sont petits. Est-elle seulement une bonne mère ? Nous ne le savons pas.