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Le Groenland

+ d'infos sur le texte de Pauline Sales

: Comment cela est arrivé

Au début, une demande : Des femmes, un paysage, les cancers féminins...
Ca t’intéresse ?
C’est en mai/juin 2001, nous sommes en répétition pour Mario et Lyse. Nous allons commencer la deuxième étape; la recherche sur Elle, Lyse, femme, avec une fonction, assistante sociale.
Je réponds “oui” assez vite.
Ce sont les mots “femme”... “paysage”... qui me font accepter.
Le paysage en question, il est vers chez moi, proche de la chaleur de mon enfance, des odeurs de cette terre.
La mort. Que dire du cancer ? Comme tout le monde j’ai peur... pour moi... qu’il entre en moi... il y aurait des raisons... comme tout le monde... sauf que c’est moi et mes raisons.
Septembre 2001. Nous sommes réunis à Ayen, petite commune du sud de la Corrèze. Il y a la Mutualité Agricole qui veut inscrire une action théâtrale dans son travail de prévention des cancers féminins.
Il y a des femmes qui habitent ici, ou ailleurs, à la ville, des qui ont vécu le cancer et qui ont envie d’en parler, d’agir, des qui ne savent pas et qui veulent faire quelque chose pour ça, contre ça.
Je suis là, j’écoute, je dis trois mots sur le théâtre : intime, plaisir, un lieu où trembler.
Après, une histoire commence.
Elles sont huit ou dix certains soirs, on travaille à partir d’improvisations, on se parle.
Elles sont d’ici ou d’un peu plus loin, parlent de la campagne, des chemins où elles marchent le dimanche, des vaches qu’elles rentrent, du boulot à l’hôpital, à la mairie, du cancer de leur voisine, leur cousine... Et puis Josette parle du sien, des ses deux seins enlevés, de ce moment particulier dans sa voiture sur le trajet entre l’hôpital de Toulouse et sa maison, de sa petite fille qui pose sa tête sur ses genoux à son retour.
Je ne sais pas ce qu’il est possible de faire, de dire, pour parler de la mort possible, de ce qui nous ronge.
Je demande à Pauline Sales d’écrire sur ça. Je lui raconte les moments importants pour moi, les silences de Josette, des autres, et puis il y a tout ce que nous avons déjà partagé en faisant naître Mario et Lyse, tout ce qui s’est dit, et tout ce qui ne s’est pas dit.
Pauline écrit déjà, puis elle vient rencontrer le groupe s’approche du travail, reçoit les mots des femmes, puis écrit encore.
En mai 2002, Le Groenland est entre nos mains.
Un moment de trouble pour certaines. Il y a trop de ville, trop de rouge.
Nous choisissons de travailler des extraits. Une forme théâtrale se dessine avec ces comédiennes amateurs, et prend nom : Femme. Elle rencontre le public à partir de mi-décembre. Dans le même temps, la metteur en scène que je suis s’interroge depuis des mois sur sa prochaine création, celle qui fera suite à Mario et Lyse. Le métier, les rythmes institutionnels, les lois de la production... voudraient que j’aie une idée. Quoi “monter”? Comment inscrire cette obligation dans une nécessité ? Comment bâtir ce qui serait à mes yeux un vrai projet?
Je lis, je me mets au travail, c’est-à-dire j’essaie de m’abandonner à ce qui est là.
Et cela devient alors évident. Je connais ce projet, il me connaît. Il m’a choisie comme je l’ai choisi, et depuis plusieurs mois.
C’est Le Groenland.

Marie-Pierre Bésanger

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