theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Le Grand Cahier »

Le Grand Cahier

+ d'infos sur le texte de Agota Kristof
mise en scène Andrea Novicov

: LA DRAMATURGIE

« Les enfants nous regardent.


Pour eux les adultes sont une masse indistincte, bruyante, puante, souvent vulgaire. Une masse insensible, froide et arrogante. Incompréhensible.


Qui de nous, une fois arrivé à l'adolescence, n’a pas pensé se tuer une fois qu'il serait vieux (à 30 ans, donc…), tellement le dégoût pour l’age adulte était fort.


Les enfants ne nous comprennent pas, mais ils n’ont pas les instruments, ni le pouvoir pour nous mettre en discussion. Les enfants ne sont pas de notre avis, mais ils sont obligés de faire avec. Chaque enfant est différent, mais il partage avec les autres le fait d’être un non-adulte.


Ces réflexions nous ont poussés vers un choix dramaturgique qui exclue du plateau tous les adultes présents dans notre histoire. Leurs paroles, leurs actions sont uniquement citées par les jumeaux.


C'est comme si aucun des comédiens n'avait envie d'incarner de “tels” personnages, “ces” êtres qui ont créé “ce” monde-là. Pour une fois, le fait de porter un jugement moral sur des personnages nous paraît justifié du point de vue dramaturgique.


Une fois la mère et le père disparus, tous les autres adultes deviennent des fonctions, des symboles; leur rôle se limite à être celui d'un appui ou d'un obstacle. Coupés de la relation affective, nous devenons pour les enfants seulement des prédateurs parmi d'autres, dans la jungle de la vie.


En opposition à l’exclusion des adultes, dans notre version les couples de jumeaux se recombinent tout le temps, comme s’ils se multipliaient constamment. On ne sait pas d’où ils viennent, ni combien ils sont, et ceci avec le but de créer dans la perception du spectateur un effet d’annulation de l’identité individuelle.


Dans tous les pays qui vivent des situations sociales difficiles, on a l’impression d’être face à des meutes d’enfants. Une masse énorme qui représente le futur mais qui n'a aucun futur.


Alors que dans Le Grand Cahier un enfant avait besoin de se faire "deux" pour survivre, et ça c’est la force du roman, dans notre version un enfant a besoin de se faire "plusieurs", pour résister à un monde qui ne cesse de multiplier la barbarie. »

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.