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L'Ogrelet

+ d'infos sur le texte de Suzanne Lebeau
mise en scène Marcello Chiarenza

: Techniques et langage théâtral utilisés

L'Ogrelet est un conte au tempo tendre et sombre, conçu de manière totalement originale, écrit par l'auteur canadienne Suzanne Lebeau.
Mais l'histoire puisent à pleines mains dans la tradition, en n'en proposant les topoi caractéristiques de la structure du conte classique comme :


- La différence du protagoniste : l’Ogrelet ressemble à tous les autres enfants mais il n'est pas comme eux : même s'il est un enfant de six ans, il est aussi grand et fort qu'un homme adulte.
- La famille éclatée : le protagoniste de l'aventure n'a jamais connu son père et ce manque, avec son intensité dramatique, sera un des vecteurs les plus forts qui le guidera dans son parcours d'évolution et de transformation.
- La maison dans le bois : le lieu retiré, loin de la communauté des villageois, où la vie semble suspendue, où se déroulent et se sont déroulés des faits magiques, étranges, incompréhensibles, voire inquiétants, où tout a commencé et où, naturellement, tout devra finir.
- Le bois lui-même : lieu de mystère, de parcours initiatique, de fuite, de refuge, le bois est aussi le lieu dans lequel se matérialise le moment du contact profond entre l'homme et la nature dans ses aspects les plus sombres, mais aussi ceux plus joyeux et lumineux : dans ce lieu tous les éléments de la nature ( les arbres, les buissons, les animaux, les loups, les papillons mais aussi les phénomènes atmosphériques comme le vent et la neige) prennent part aux émotions des personnages, entrent dans la narration de l'aventure et participent activement au dénouement final.
- Le sang : la goutte, la tache de sang, l'idée du sang sont dans de nombreux contes classiques (“La Belle au Bois Dormant", "Barbe Bleue", "Cendrillon", "Blanche Neige" et tant d'autres) le signal clair de la révélation d'un mystère, la clé de voûte d'une énigme, le point de départ d'un parcours initiatique.
- Les trois épreuves : comme dans tout conte classique qui se prétend comme tel, là aussi "L'Ogrelet" devra affronter trois épreuves difficiles pour atteindre enfin, l'heureux dénouement de l'intrigue. Mais contrairement au conte classique, les épreuves que L'Ogrelet devra affronter sont bien sûr contre quelque chose de monstrueux et de dangereux mais, cette fois, l'antagoniste à combattre ne vient pas de l'extérieur mais de l'intérieur, des profondeurs de l'âme du protagoniste.
- L’éloignement de la maison : le dépassement des trois épreuves et donc le succès du parcours initiatique pourra être atteint seulement si l'Ogrelet s'éloigne volontairement de la maison familiale. Il devra affronter les dangers et les épreuves, non pas dans la solitude (nous verrons comment l'aide de certains sera précieuse) mais obligatoirement en comptant sur ses propres forces et surtout loin du regard tendre, du soutien et de la protection de la mère et loin de la maison où il a grandit.
- La rédemption à travers l'amour et/ou l'amitié : L’Ogrelet a une amie très spéciale, Paméla, une petite fille qui -" presque magiquement" - n'a pas peur de sa nature d'ogre et se démontre prête à affronter de nombreux danger pour l'aider à dépasser les trois épreuves.
- Le deus ex-machina : le personnage du père, entre réalité et imaginaire, surgit de manière inattendue d'un obscur passé pour aider son fils dans le difficile parcours initiatique dans lequel il s'est engagé.
- La rose blanche : comme dans de nombreux contes traditionnels (“La belle et la Bâte", "La belle au Bois Dormant"...) la rose blanche scelle la difficile victoire du bien sur le mal. Avec sa symbolique de pureté ( le blanc) mais aussi de danger imminent (les épines) la rose blanche apparaît dans cette histoire comme un signal fort et fortement reconnaissable de gentillesse, de bonheur retrouvé mais aussi de l'"épineux" parcours nécessaire pour atteindre l'objectif.


La mise en scène du spectacle adopte de multiples langages, par lesquels les événements se transforment dans leur enchaînement mais surtout les messages et les différentes émotions suscités par l'histoire.
Tout d'abord la parole : la structure du spectacle est celle de la prose classique, à travers une interaction entre les principaux personnages, L'Ogrelet et sa mère, basée principalement sur le dialogue.
Avec le dialogue, s'alternent de nombreux moments de narration dans lesquels les deux principaux personnages se racontent tour à tour ce qui s'est passé en dehors de l'espace et du moment présent, et donnent ainsi vie à de multiples personnages se dessinant clairement sans être présents sur la scène.
Aux divers langages de la prose, se greffe une communication visuelle intense : en dépit d’une scénographie - seulement en apparence - très simple, le spectacle offre au public des images suggestives et fortement significatives : la scénographie change de forme et transforme l'espace scénique ; les lumières, à dominante blanche, bleu et rouge, soulignent avec force les noeuds principaux de l'intrigue, induisent les sensations et préludent à l'atmosphère. Mais ce sont surtout les objets scéniques, nés de la fantaisie de Marcello Chiarenza (metteur en scène mais aussi scénographe et sculpteur de renommée internationale), qui donnent corps aux images mentales que le spectacle suggère en continu et à rendre vraiment magique et suggestive l'atmosphère qui pénètre tout le spectacle.
Au-delà des mots, des lumières et des images, les messages et les émotions du spectacle sont transmis également à travers la musique : les musiques originales, composées par le musicien Marco Biscarini, ont été conçues pour accompagner le fort impact émotif, elles créent une ambiance sonore qui souligne l’intensité dramatique des différentes phases de l’intrigue, mais elles parviennent à être protagonistes de certains moments de l'histoire dans lesquels elles réussissent à elles seules, à exprimer des sentiments, des présages et des atmosphères.
En plus des mélodies suggestives, quelques passages fondamentaux de l'aventure sont racontés à travers les chansons : ces passages originaux - tirés du texte de Suzanne Lebeau puis réélaborés et arrangés par Biscarini et Casadio avec poésie et intensité - en plus d’offrir une autre somme expressive et une forme de langage encore différente, émeuvent directement le spectateur.

Accademia Perduta - Romagna Teatri

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