Devenir quelqu’un, un rôle

Je suis une bulle… racontera l’histoire d’une personne qui est en devenir permanent, un « moi » en perpétuelle transformation, jamais homogène ni uniforme. Tout d’abord, nous sommes une idée qui trotte dans la tête de quelqu’un, nous devenons ensuite un bébé puis un garçon ou une fille ou autre chose, puis un jeune homme ou jeune femme. Nous grandissons, nous nous transformons en dame ou en monsieur, ou peut-être en quelque chose d’incroyable : en tigre, en super star, en rêve, en respiration, en sang, en lèvres de quelqu’un. La vie c’est, en quelque sorte, se transformer en une série de choses inattendues, mais c’est également une lutte incessante contre l’inévitable mutation et déchéance du corps en route vers la mort.
Dans Je suis une bulle…, le comédien et ses différents rôles et costumes seront utilisés comme métaphores de toutes ces transformations. Un comédien peut être un rat, un roi, un bandit, un mendiant, une adolescente, Dieu, une femme de ménage, un chien, etc. Selon le sociologue Erving, nous sommes tous des acteurs qui jouent leur vie sociale sur une scène. Les rôles s’imposent à nous. Il existe des normes pré-établies et des concepts qui dictent le comportement d’une mère, d’un adolescent ou d’un auteur. Si nous dévions de ces normes et refusons d’entrer dans le jeu que la société nous impose, nous sommes stigmatisés et exclus de la communauté. Nous nous battons avec ces différents rôles, nous nous révoltons éventuellement, mais il arrive aussi que nous abdiquions et grandissons, résignés, dans nos rôles imposés comme dans des vieux vêtements mis au rebut. Déjà avant notre naissance, les structures et les règles que nous devrons suivre sont là. La liberté d’être la personne que nous voulons est ambiguë et vacillante. , avril 2010

Malin Axelsson

avril 2010