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Fort

+ d'infos sur le texte de Catherine Anne

: L’espace, la mise en scène

« Ce sommet de colline ce soir est-il réel… »
Cet extrait du texte de Catherine Anne est un axe sur lequel vient s’appuyer le parti pris de mise en scène.
La sensation d’étrangeté que provoque le retour d’exil du personnage, le projette dans un état psychique éclaté qui l’amène de souvenirs dérisoires en révélations jusqu’à des visions, des peurs et des inspirations hallucinées.
Son effort intense dans la mise à l’épreuve de sa vie déforme sa perception des choses où tout se dérobe et oscille entre émotions, rêves et cauchemars ….
Aux côtés d’un homme qui lui semble avoir traversé le feu, le pianiste marche sur le chemin à gravir d’une renaissance ou d’une résilience, et pour l’artiste qu’il est, sur le chemin de la création.
Au regard de ce développement, nous sommes en temps et en espace réels, mais surtout en temps et espace intimes. Un espace qui permet de voyager entre réel et fantasmagorie dans la mosaïque émotionnelle.
Nous sommes ailleurs, dans l’ineffable, juste là où l’art trouve une place.
C’est ce petit endroit à atteindre, cet état peu concret entre le réel et la fantasmagorie qui nous intéresse et qui fonde notre travail.
La scénographie propose une aire jeu d’une grande simplicité, exposée aux quatre vents et ouverte à des transformations poétiques ou des manifestations plus obscures, rendant compte du trouble des personnages, de leurs visions fugitives de l’esprit.
Le texte de Catherine Anne qui propose même des apparitions de fantômes du passé incite à ces divagations de voyage immobile, dont l’âme suit le secret au passage …
Imaginons alors un plateau d’herbes hautes, simple et épuré pour l’oeil, un extérieur qui ne fasse pas « décor » mais qui propose un panorama sensible et intrigant, à la végétation indocile et un peu pierreuse, plus sauvage et terne que bucolique. C’est un espace de bas-relief, qui reste toutefois porteur de possible et de beauté, au volume tracé en quelques lignes de force créant la dynamique des déplacements des personnages et témoignant néanmoins d’inconstance, entre irrégularités planes et courbes accidentées.
Imaginons maintenant que ce sol, travaillé par Annie Onchalo, se transforme le temps d’une vision en terre de cendres abyssale, que ce sommet de colline devienne un court instant l’allégorie d’une salle de concert, que la poussière du temps s’y soulève, que le vent y transporte la mémoire, qu’au son du piano réponde un orchestre imaginaire. Imaginons encore que des voix du passé s’entremêlent, que des signes étranges se manifestent et témoignent ainsi des bouleversements émotionnels du pianiste dont les sens s’aiguisent, s’exaltent ou s’émoussent.
Xavier Baron, créateur-lumière, évoque le ressenti du climat de l’espace, du cagnard à la nuit (heures blanche, dorée, rouge, grise, nocturne) et celui qui régit les émotions des deux hommes.
De même, la lumière porte, trouble et dirige nos regards dans le mouvement de l’histoire, en différentes perceptions, entre réel, rêves et hallucinations.
Le son existe indépendamment de la partition musicale qu’il y a à entendre. C’est le compositeur Pascal Gaigne qui le travaille et le place dans une subtile et sporadique présence entre tension du silence et sonorités, lesquelles sont d’une part, évocatrices de perte de repère et des émotions des personnages, et d’autre part, sont jointives aux phénomènes étranges qui ponctuent le parcours.

Pascale Daniel-Lacombe

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