: Présentation
« Le spectacle « Don Quixote, which was a dream » est le fruit de la rencontre entre une équipe et
un texte. Il ne s’agit pas de l’adaptation du texte de K. Acker pour le théâtre mais de l’utilisation, à
nos propres fins, d’une matière littéraire qui véhicule des thématiques importantes à nos yeux.
Cette errance fut celle de K. Acker tout au long de sa vie de femme, d’auteur et ce texte restitue
sa détermination à combattre tout ce qui pouvait, de près ou de loin, ressembler à une chapelle,
communique son admirable naïveté à partir à l’assaut des moulins ! Parce qu’elle a sû réinventer
ce mouvement essentiel qui, de l’intime, guide au politique et réciproquement, parce que nous
partageons avec elle l’histoire des idéaux qui ont échoué, des luttes inabouties ou égarées, son
monde et son urgence sont nôtres. Ils constituent la matière de réflexion commune à la danse, la
musique, l’image, le jeu. Ils fédèrent, dans la démarche et le propos, une équipe aux pratiques
artistiques différentes. Il s’agit donc tout autant de nous et du monde dans lequel nous vivons
et avec lequel nous tentons de composer, que de K. Acker elle-même. Toute la contemporanéité
de la proposition est là. La spécificité du texte, de l’auteur, sa radicalité même exigent que nous
nous situions à un endroit dramaturgiquement tout à fait original, qui ne préexiste pas à cette
proposition. Il ne pourra donc être question dans ce qui suit de décrire un spectacle mais bien
d’énumérer les éléments qui feront de cette création une proposition tout à fait spécifique. C’est
une aventure singulière qui réunit les éléments qui permettent au spectateur de pénétrer un autre
champ de lecture que celui de la linéarité et de la psychologie et de cheminer dans l’espace-temps
mental d’une femme sans nom que son combat va nommer.
C’est le rêve d’une femme pour exister autrement dans un monde où l’on voudrait, chaque
jour, simplifier son identité. C’est mon rêve pour fabriquer un objet théâtral, chorégraphique et
musical qui s’appartienne en lui-même, exact rencontre entre la parole de K. Acker, mon histoire
et l’équipe qui m’entoure.
Si le théâtre porte encore en lui les semences d’une résistance à l’ordre dominant, s’il est encore
à cet endroit qui fut son essence, c’est très précisément dans sa capacité à donner à entendre
ces paroles minoritaires, atypiques, contestataires et poétiques. Il me semble urgent de cultiver
“les espaces sans espaces”, d’aider à l’émergence de conceptions originales du monde et de
contribuer à ce que chacun d’entre nous puisse devenir ce qu’il est plutôt que d’adhérer aux
modèles qu’on nous impose. À l’aube du XXIe, nous vivons dans les temples de la consommation,
lieux factices de tous les possibles, mais nous sommes profondément seuls face à la question de
nos désirs, de notre devenir. Désormais, c’est une société effrayée d’elle-même qui nous accueille,
une société qui n’affronte plus ses propres monstres, et désespérément, se tue en croyant se
protéger. La ligne qui, allant de Cervantès à nous, passe par K. Acker, est une ligne d’inquiétude
face au réel et de foi en la force de l’imaginaire. »
H. Mathon
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