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De la race en Amérique, le discours de Philadelphie

+ d'infos sur l'adaptation de José Pliya ,
mise en scène José Pliya

: Note d’intention

Voici un texte exceptionnel. Au départ il s’agit bien d’un discours, d’un discours politique. A ce titre il a un objectif rhétorique : persuadé et convaincre. C’est ce qu’il fait et de belle manière. La forme est charpentée. La structure évidente. La langue est simple. L’intelligence transpire sans jamais éclaboussée. C’est un modèle du genre : efficace et brillant.
Pourtant à le lire de plus près, à le travailler comme une matière littéraire, on se rend compte que ce texte est traversé par autre chose : le poétique.
En effet, pour développer son argumentation, l’auteur convoque l’Histoire, la grande et tragique histoire de son pays ; il convoque la mythologie des Ecritures donnant à son propos une profondeur inattendue ; il cite Faulkner, le grand William Faulkner, tutelle et totem à la fois ; il ouvre et il conclut son discours par la fable, l’universalité de la fable qui parle à notre mémoire, à nos sens, à nos émotions plus qu’à notre raison.
Par delà les perspectives post-raciales que dessine ce discours et que je partage, c’est aussi la force du poétique qui me touche et que je veux faire ressentir au plus grand nombre.


Voilà pourquoi cette prestation relève plus de la « performance » que de la représentation théâtrale.


Nul artifice, nul effet, pas de dramaturgie, mais plutôt une « mise en conte », une restitution intégrale de la parole, sociale, économique, humaniste, en résumé, politique d’un homme qui depuis ce discours est devenu le 44ème Président des Etats-Unis d’Amérique.


En 2003, j’ai écrit une pièce « Nous étions assis sur le rivage du monde… ». Une jeune femme rentre dans son pays natal pour des vacances. Sur la plage de son enfance, elle croise un homme qui lui refuse le droit de boire, de se baigner, de marcher sur le sable. Pourquoi ? Parce qu’elle n’a pas la bonne couleur de peau…Au terme de ce parcours initiatique d’une extrême violence, l’homme finit par inviter la femme à s’installer pour discuter : « Je voudrais comprendre…Peut-être y a t-il une autre issue…pour les couleurs et les hommes…autres choses que la séparation ? … Vous voulez bien rester pour qu’on en parle ? Installez-vous, asseyez-vous, déshabillez-vous pour prendre un bain…Vous voulez bien ? » Et la femme lui répond : « Non. Vous m’avez convaincue. Il n’y a pas d’issue pour les couleurs sur ce rivage. Les hommes, les femmes s’en accommodent très bien. Il n’y a pas d’issue, pas de solution, pas d’espoir que nous puissions nous asseoir un jour, tous les deux, tranquilles, sur le rivage du monde. C’est comme ça. »


L’impasse de cette chute, de cette fin de pièce, surprend, choque, brutalise le lecteur, le spectateur et, je l’avoue, l’auteur.
Mais ce n’est que logique, la logique de mon personnage.


Le discours de Barack Obama sur la race apporte à ma pièce, à mon personnage, une réponse forte, exigeante, sans concession mais qui apaise, mais qui réconcilie.


Je n’aurais pas pu l’écrire, mon personnage n’aurait sans doute pas pu la dire, mais elle nous va cette parole, elle nous convient.

José Pliya

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