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Ceux qui restent

+ d'infos sur le texte de David Lescot
mise en scène David Lescot

: Extrait de l’entretien de David Lescot avec Wlodka Robertson-­Blit

(…)


David : Et vous avez des souvenirs, des images, de la guerre, après 1939, dans le ghetto ?


Wlodka : Eh bien, il y a des trous, je me souviens de certains détails…


David : Mais c'est ça que je veux. C'est les détails.


Wlodka : (Elle rit) Mais ils ne sont pas extraordinaires. Pour nous, c'est la vie ordinaire.


David : Comme quoi ?


Wlodka : Ma mère qui courait à son école, qui s’occupait des enfants, il y avait une cantine. C’était une sorte d’organisation, ils devaient recevoir de l’argent d’une organisation juive qui s'appelait "Mina" et qui avait de l’argent pour ces cantines. Elle filait, elle n’était pas avec nous. Mais il y avait d’autres adultes qui nous entouraient. Et on nous interdisait d’aller dans la rue, parce qu'il y avait des tirs, des pendaisons, mais je ne les ai pas vues moi-­‐même, parce que... Mais de temps en temps on nous emmenait à ces cantines et je reconnaissais certains des enfants qui allaient à l’école avant la guerre. Ils étaient gonflés par la faim et ils nous semblaient hostiles, parce que nous on avait encore assez bonne mine. Ils nous criaient... Oui, je me souviens… Je ne voulais pas y aller.


Danid : Mais la plupart du temps, vous restiez à la maison ?


Wlodka : Oui, surtout à jouer dans la cour.


David : Donc, vous n’alliez plus à l’école ?


Wlodka : Non, l’école était interdite aux enfants juifs, depuis l’arrivée des Allemands ; ils n’autorisaient pas les enfants juifs à aller à l’école. Mais il y avait un genre de cours clandestin organisé par quelqu’un que je connaissais. Quelqu’un venait... parce que ma mère était enseignante, elle avait des amis qui de temps en temps venaient nous donner des cours à la maison. Mais pas beaucoup…


David : Ils vous enseignaient quoi ?


Wlodka : Ils nous parlaient, ils nous faisaient peut-­‐être la lecture, je ne sais plus… David : Vous vous souvenez de comment se passait une journée, dans cette maison ? Wlodka : Oui, je me souviens surtout qu'on était très amis avec les autres enfants qui vivaient dans notre bloc d’immeubles… On avait très froid l’hiver, et quelquefois certains enfants n’avaient pas autant à manger que nous, et je piquais en douce de la nourriture de mon petit-­déjeuner pour essayer de partager avec certains d’entre eux. Et puis, je me souviens qu'on fabriquait une maison de poupée, je m'en souviens très clairement, avec des petites lumières électriques dans cette maison, mais… ça, c’était jusqu’à ce que…
Voilà comment ça se passait.. Ma mère était occupée... Et il y avait aussi tous ces gens qui venaient à la maison, ses Camarades et ceux de mon père, toute sorte de gens, je me souviens par exemple de Marek Edelman, c’était un jeune homme.


(…)

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