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Ceux qui restent

+ d'infos sur le texte de David Lescot
mise en scène David Lescot

: Extrait de l’entretien de David Lescot avec Paul Felenbok

(…)


David : Est-­ce que vous avez des souvenirs, des images du début de la guerre à Varsovie, des bombardements ?


Paul : Ah oui. J’ai des flashes très précis parce que la première cour dans laquelle on résidait elle ouvrait par une porte cochère sur la rue Leszno. Il faut savoir, et moi je l’ai vu, que l’armée polonaise était à cheval et qu’elle tirait des caissons de munitions, des canons. Et donc, l’aviation allemande faisait des cartons avec un grand plaisir sur tout ça et ils ont tué un nombre de chevaux considérable. Dans notre cour il y en avait plusieurs qui étaient tués et toute la rue était encombrée de blessés et de carrioles, tirées par les chevaux, qui étaient retournées.
Il y a une chose qui m’a beaucoup, comment dire, interpellé comme on dit maintenant, ça m’a ...


David : tourmenté ?


Paul : Ça m’a tourmenté, enfin j’avais du mal à comprendre ce qui se passait : c’est qu’en fait au cours des bombardements il y avait un souffle énorme et il y avait une poste qui était dans notre rue, ils ont bombardé la Poste et tous les papiers qui étaient dans la poste se sont mis à voler dans tous les sens et ils ont été plaqués contre notre porte cochère. Et notre porte cochère a été, apparemment, aussi chauffée au rouge par les déflagrations des bombes qui tombaient et il me semble qu’on avait eu un mal de chien à l’ouvrir après quand il y a eu une accalmie. On ne pouvait pas l’ouvrir elle était collée, colmatée. Ça évidemment c’est une image qui ne peut pas disparaître.


David : Comment ça s’est passé pour vous, pour votre famille lorsque la guerre a commencé, lorsque Varsovie a été bombardée ?


Paul : Nous on est resté dans cette maison qui n’a pas été détruite par les bombardements. Très rapidement les allemands se sont mis à rétrécir le ghetto. Au début nous on n’était pas touchés par ce rétrécissement du ghetto donc on pouvait rester chez nous. Mais il y avait de plus en plus de gens qui étaient obligés de quitter leurs appartements et donc il y a des gens qui sont venus habiter chez nous. Je sais, par exemple, qu’il y a une femme qui est venu habiter chez nous et qui était apparemment professeur de français au lycée et elle a commencé à apprendre le français à mon frère. Et puis ensuite, après, on a nous-­‐mêmes été déplacés quand ils se sont mis à rétrécir de notre côté, on a dû émigrer vers d’autres appartements.


David : Comment ça se passe ? Ce sont des organisations, des réseaux de solidarité qui placent les gens les uns chez les autres ?


Paul : C’est par connaissance je ne sais pas. Je pense que c’est par connaissance.


David : Je pose des questions mais c’est normal que vous ne puissiez pas y répondre.


Paul : Ce sont des questions qu’il faut poser à ma cousine parce qu’elle elle saura.


(…)

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