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Abdesslem, l'oublié

+ d'infos sur l'adaptation de Marc Béziau ,
mise en scène Nicolas Berthoux

: Notes d'intention

Depuis 1997, la compagnie Mêtis met en scène les interrogations et les non-dits qui fondent la société moderne. Après avoir visité, entre autres, les textes de Michel Azama, Valère Novarina ou Philippe Minyana, Nicolas Berthoux, directeur artistique de la compagnie, propose en 2007 à Marc Béziau de travailler sur les mémoires à vif de la guerre d’Algérie. De cette collaboration naît Bab'el porte en 2009.
A la suite de cette création, un texte d’Alain Bujak, qui a recueilli le témoignage d’Abdesslem, un ancien tirailleur marocain, attire l’attention de Marc Béziau qui se propose de l’adapter au théâtre. Nicolas Berthoux et la compagnie Mêtis, poursuivant leur exploration de la mémoire coloniale, s’associent immédiatement au projet.


Les thèmes
Plusieurs thématiques apparaissent dans ce témoignage, allant de l’occultation du rôle des combattants issus des colonies, aux responsabilités des élites locales, en passant par la solitude imposée par l’exil et la place du libre-arbitre dans le maelström de l’histoire. Ici se pose la question du choix : accepter ou refuser, se révolter ou subir.
Le personnage d’Abdesslem oscille constamment, subissant le plus souvent les tribulations de son destin avec le fatalisme de celui auquel la vie n’a rien promis et qui n’en attend rien, mais avec, en même temps, un humour distancié et le goût de la vie de celui qui en connaît le prix, l’éloignant de la tentation du désespoir.


L’histoire
Il traverse ainsi la Seconde Guerre Mondiale, de la Drôle de guerre à la Débâcle, des Fronstalags à la campagne d’Italie. Poursuivant presque malgré lui une carrière militaire de quinze ans qu’il n’avait pas choisie et qui le conduira notamment en Indochine, il quitte l’armée dans les année cinquante avec une retraite « cristallisée » en 1960. Bénéficiant d’une pension misérable, travaillant dur sur une terre aride qui se vide, Abdesslem se voit contraint, comme des milliers de ses camarades de combat, de s’exiler en France six mois par an, afin de percevoir l’allocation vieillesse à laquelle il a droit. C’est ainsi qu’il se retrouve à Dreux, ville qu’il avait déjà connue pendant la guerre.


La forme
Tragique mais traversée d’éclairs comiques, le spectacle proposera une forme épurée dans laquelle la lumière jouera un rôle primordial, construisant l’espace et les perspectives, dessinant le décor et la mise au point.


Les personnages
Au nombre de trois, une femme et deux hommes, l’un sera le biographe qu’on perçoit, au début du spectacle, écoutant les paroles qu’il a recueilli du vieil Abdesslem. Au fil de son écoute, le biographe se laisse envahir par ces mots et semble devenir Abdesslem vieux, le souvenir de l’histoire vécue. Le second personnage Abdesslem jeune représente la mémoire, la réalité non déformée telle qu’elle a été vécue.
Leur dialogue illustrera la lutte de la mémoire et de l’oubli, de la conscience personnelle et de l’innomé qui fait dire « Si j’avais su » comme « si j’avais pu » puis récrit et corrige après coup l’histoire, pour qu’elle ait un semblant de sens.
Apparaîtra aussi une danseuse – comédienne, image du tourbillon de la vie, du destin dans lequel est perpétuellement embarqué Abdesslem ; elle est aussi la représentation de la mère, de la soeur, de la femme exacerbant la solitude du soldat et de l’exilé.

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