Ça fait un an que je suis ta veuve, je joue le jeu tu vois, je ne me lave plus les oreilles aussi souvent qu’avant j’imagine qu’une veuve ça se laisse un peu aller, mais faudrait que tu reviennes maintenant s’éloigner mieux se toucher j’ai compris reviens déconne pas un an c’est un bail, bon anniversaire mon petit chou mon tigre, bon anniversaire.

C’est pas grand-chose, ces flacons, tu te rends compte, pas grand-chose un souvenir par flacon.

Liane rouspète un peu après toi parce que c’est fatiguant l’absence.

Pour tenir debout, il faut que tu reviennes c’est tout, je commence à pencher, même la Tour de Pise on la restaure.

Viens souffler ta bougie.

Viens.

Liane te dit viens, Liane veut que tu viennes (…)

Fabrice Melquiot, L'Inattendu, L’Arche, Paris, 2001