Dans le camp de Ravensbrück, l’ethnologue Germaine Tillon et ses compagnes se sont appropriées des airs célèbres des années trente, des airs d’opéra ou des chansons populaires. Ces musiques sont la bande musicale d’une description ironique de leur vie dans le camp, de leur stratégie de survie et de résistance. Opposant le rire et l’imaginaire à la barbarie de leurs gardiens, les Verfügbar, détenues « disponibles » dans l’argot du camp, mettent à distance leur terrible condition pour mieux nous la faire entendre. Une opérette débridée, drôle, absurde, désespérée, dont l’écho dans notre présent résonne bien au-delà de l’anecdote historique ou de la célébration de la Résistance.