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Couverture de L'Enfant Froid

L'Enfant Froid

de Marius Von Mayenburg

Texte original : Das kalte Kind traduit par Laurent Muhleisen


(...)

Silke. Une drôle de soirée. Une ambiance particulière. D’ores et déjà, je sais qu’il va se passer quelque chose.


Henning. Je ne sais pas si mon sexe est gros ou petit. Je manque de point de comparaison. Moi, il me paraît gros, quand je le tiens dans ma main.


Silke. Werner.


Werner. Hm ?


Silke. Tu ne fais que regarder dans le landau.


Werner. Je fais ça ?


Silke. Sans arrêt. Comme s’il y avait une télé à l’intérieur.


Werner. Mais qui regarde là-dedans à part moi ? L’enfant pourrait mourir de froid.


Silke. Bois donc une gorgée de bière.


Werner. Toi, tu ne fais que regarder la porte, pour voir si Johann et Mélanie sont arrivés.


Silke. Parce que c’est une honte. Pour moi, ils peuvent aussi bien ne plus venir. Au bout d’une heure, j’ai plus la moindre envie de leur parler, à ces deux là.


Werner. Alors arrête de regarder tout le temps la porte.


Silke. Encore.


Werner. Quoi ?


Silke. Même quand tu me parles, tu ne sors pas la tête de ce landau. C’est une fixation chez toi.


Werner. Ce qui m’étonne, c’est que cet enfant soit encore en vie, avec une mère pareille.


(...)


(...)


Lena. Je ne peux plus sourire, j’ai l’impression que tout le monde me perce immédiatement à jour, quand je me crispe pour essayer de contrôler mon visage, la contraction des muscles déforme ma bouche et mon menton, ça fait mal, j’ai l’impression que tout le monde voit ma peur nue, je cligne des yeux pour pouvoir les garder ouverts, mais j’aimerais mieux être aveugle, comme avant, quand je mettais les lunettes de ma sœur, pour que tout devienne flou, et que je n’ai plus à voir de façon aussi terriblement claire les terribles visages de loup des hommes. A chaque baiser sur les joues, j’ai peur qu’ils m’arrachent des lambeaux de peau du visage. Du fond de la cuvette des WC, un animal effrayé me fixe des yeux, je verrouille la porte et je me recroqueville sur le réservoir de la chasse d’eau, pour que personne ne découvre par dessous la porte la dentelle blanche de ma robe.


(...)


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