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Écrit en 1971 - français

Présentation

Il aura fallu que l’être s’égare par tant de faux chemins, qu’il se fourvoie sur tant de fausses routes, avant de parvenir enfin au vrai refuge calme et serein où règne l’absence de toutes choses. Là, maître de toute sa raison, l’être muet enfin sans souvenir demeure dans un monde sans temps, sans bruit et sans mouvement. Mais le “ vrai refuge ” s’effondre et voici que l’être est seul debout dans un monde de sable gris cendre, sans relief, sans issue et sans fin, où gisent alentour les ruines répandues du refuge aboli, oublié. Ici le dépouillement du langage s’allie à une structure d’une telle cohérence qu’elle se fait elle-même langage et se charge de sens. Au delà des mots, il y a le jeu de leur disposition et de leur répétition à l’intérieur des phrases ; au delà des phrases, le jeu de leur disposition et de leur répétition au cours du texte. Dans l’œuvre de Samuel Beckett apparaît souvent son goût pour les mathématiques, les nombres, l’élégance de leur langage et le jeu des combinaisons possibles qu’elles permettent. Ici le mathématicien s’est associé au poète. C’est la même mélopée que, dans une disposition différente, nous entendons, nous éprouvons, nous vivons une seconde fois. Mais c’est peut-être aussi une autre voix qui répète à sa manière la même litanie, le même poème. Le “ Petit corps soudé gris cendre cœur battant face aux lointains ” n’est peut-être pas le seul. Chacun seul “ debout ”, chacun ayant à l’avenir “ un pas un seul tout seul ” à faire, ce sont peut-être deux êtres qui, chacun dans ses ruines, chacun dans son refuge sans issue, tour à tour rêve en proie aux chimères et s’éveille enfin à “ l’air gris sans temps ”.

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