Dans WANNSEE - Kabaré, la chanson, le travestissement et le registre comique seront utilisés comme autant de moyen de dire le Bruit du Monde, et surtout, modestement, d’y faire face.

Il s’agira d’utiliser ces moyens comme des masques permettant aux personnages d’affronter, avec leurs forces et surtout leurs faiblesses - ce ne sont, de loin pas, des héros - les situations auxquelles ils sont confrontés.

Le chant naitra des mots, du dialogue en cours. Il s’agira d’un souffle, un peu, toutes choses étant égales par ailleurs, à la manière dont Marthaler fait naitre un choeur de la singularité des situations et des bribes de dialogues. Des structures musicales actuelles ou puisées dans les répertoires du siècle passé seront réinvesties . Il s’agira toujours de mettre en oeuvre ce mouvement de l’individu vers le choeur.

Le travestissement est , d’une certaine manière, ordinaire dans ce type de lieu festif : spectateurs ou acteurs, on va dans l’espace public du cabaret ou du bar à karaoké avec une identité feinte, comme pour échapper, l’espace d’un instant, à sa condition et à l’ordinaire de la vie. On procède, par quelques artifices, à un déplacement. Ici, le trait sera accentué, le travestissement, entendu au sens large, permettant aux personnages de prendre position de manière plus audacieuse dans cet espace public. Le travestissement comme vecteur , médium d’une argumentation politique.

Et puis il faudra rire. Un rire de résistance, un rire de contestation. Tous les régimes autoritaires et totalitaires ont provoqué le rire , et l’ont , dans une certaine mesure, toléré, comme une soupape de sûreté générale. Pourra-ton, cependant, rire de tout ? Sans doute, mais pas de n’importe quelle manière. Il ne s’agira évidemment pas de railler le suicide d’un jeune écrivain à l’aube du XIXème, encore moins d’évoquer le génocide de cette manière là. Le rire vise le bourreau, non la victime , et aussi , et surtout, celui qui, par accommodement avec la réalité, tente un impossible aménagement de sa conscience.