Vanishing Point est à la fois le portrait d’une femme incapable de vivre et une variation sur les voyages aux enfers d’Orphée ou de Dante.
L’intégralité de l’action se déroule dans le garage d'une maison de banlieue pavillonnaire de Montréal.
Suzanne, une femme d’une quarantaine d’années s'enferme dans sa voiture, allume le moteur et le laisse tourner. La fumée des gaz d’échappements remplit peu à peu l’espace clos du garage et nous voyons Suzanne s’asphyxier lentement. Elle finit par s’évanouir. En tombant sur le volant, sa tête déclenche la sonnerie assourdissante du klaxon.
Le spectacle commence donc par la représentation très réaliste de la tentative de suicide de Suzanne dans ce garage, avant de basculer vers le fantastique : dans la fumée des gaz d‘échappement, un autostoppeur au visage d’ange fait son apparition. C’est un jeune homme d’une trentaine d’années, qui porte un sac à dos et un bout de carton sur lequel est écrit la destination : « Waskaganish ».
À l’instant précis où le jeune autostoppeur lève le pouce, Suzanne, dont on ne sait si elle est vivante ou morte, se redresse et ouvre les yeux. Elle l'invite à monter dans la voiture et leur voyage commence.
Un « double voyage », à la fois fantastique et réaliste.
Ce voyage est un périple dantesque au bout duquel Suzanne finit par rencontrer sa propre Mort, incarnée par une femme qui lui dispute l’amour du jeune autostoppeur.
Mais c’est aussi un flash-back qui nous raconte la rencontre de Suzanne et d’un un jeune vagabond, quelques mois avant, au bord d'une route. Le jeune homme avait alors obligé Suzanne à le conduire dans le grand nord, à « Waskaganish », où il cherchait à rejoindre une femme qui l’obsédait. Durant les sept jours qu’avait duré leur road trip, Suzanne était tombée éperdument amoureuse de son ravisseur, avant que celui-ci ne se tue dans un accident de voiture.
On comprend alors que le suicide de Suzanne est un acte d’amour, l’unique moyen pour elle de retrouver "en enfer" ce jeune homme qu'elle a aimé le temps d'un voyage et de l’arracher à la Mort.
Le spectacle alterne des scènes fantastiques du voyage en enfer et des scènes réalistes du road trip vers le grand nord.
La même actrice joue Laura dans le "voyage réaliste" et la Mort dans le "voyage fantastique".
Ailleurs, dans le même garage, un groupe répète des morceaux. Et la musique qu'ils jouent en direct est la BO du road trip.
"La Mort" les rejoint parfois pour chanter avec eux.