Par Savannah Macé
mercredi 28 novembre 2012
Avec : Csilla Albert , Zsolt Bogdán , Áron Dimény , Loránd Farkas , Enikő Györgyjakab , Emőke Kató , Sándor Keresztes , Júlia Laczó , Tünde Skovrán , Ervin Szűcs , Csilla Varga , Loránd Váta
À l’heure où aucun despote ne règne plus, pourquoi se replonger dans l’odyssée du Père Ubu ? En effet, peut-on encore, dans notre monde ouvert et civilisé, trembler en imaginant les ravages d’une "machine à décervelage" sur nos esprits sagaces ? Ou frémir à l’idée d’être ponctionnés par une fantastique "pompe à phynances" ? Non, bien sûr. Rassurons-nous : personne de nos jours ne cherche plus, par les moyens les plus brutaux, à "se procurer un parapluie", ou à semer la misère et la désolation dans le seul but de "manger plus souvent de l’andouille"… On pourra donc rire sans mélange aux facéties toujours vertes d’Alfred Jarry, absurdités fomentées en 1896 dans le seul but de semer la merdre… Un projet qu’il allait jusqu’à énoncer : "Il fallait que la pièce ne pût aller au bout et que le théâtre éclatât."
Sous le signe de "l’esprit d’inventivité et de la folie créatrice", Alain Timar a dirigé la troupe d’acteurs du théâtre hongrois de Cluj – témoins privilégiés des garanties sans faille de la démocratie – qu’il a encouragés à "transgresser avec entrain les conventions théâtrales".
Dans cet Ubu roi joué en hongrois, "chaque acteur peut se retrouver dans la peau du bon ou du méchant, du gagnant ou du perdant en fonction de l’humeur ou de l’histoire". Tous seront donc tour à tour nobles et conjurés, conseillers et larbins de phynances, gardes, capitaines ou ours… Que chacun vienne cependant sans crainte : contrairement au public de la fin du XIXe siècle, nul ne risque plus aujourd’hui d’être "stupéfait à la vue de son double ignoble, qui ne lui avait pas encore été entièrement présenté".
Par Savannah Macé
mercredi 28 novembre 2012