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En roue libre

mise en scène Claudia Stavisky

: Note d’intention

Le XXème Siècle poussait ses derniers soupirs et nombre de nos contemporains retenaient leur souffle hantés par l’inquiétude émergente générée par le dérèglement climatique… Tempêtes, ouragans, typhons, crues, inondations sont alors apparus comme les signes d’une apocalypse programmée pour un XXIème Siècle tout juste naissant.


Dans En roue libre, le bouleversement climatique prend la forme d’une canicule hors norme.
D’autant plus hors norme que nous sommes dans la campagne anglaise où l’herbe qui a d’ordinaire tendance à s’exhiber grassement verte et humide ressemble désormais à du foin étalé sur une terre craquelée.


Cette manifestation du dérèglement climatique n’est en fait que l’illustration parabolique du dérèglement hormonal dont est victime l’héroïne malgré elle, Becky.
Enceinte de quelques mois (état suffisamment perceptible pour les uns, un peu moins pour les autres), ce bouleversement physique et physiologique va conduire la jeune femme à catapulter la bienséance et bousculer bon nombre de conventions sociales ou relationnelles.
Penelope Skinner atteint en effet une certaine jouissance en semant le chaos dans les codes sociétaux, peignant Becky, en pleine phase de grossesse comme une femme à la libido grimpant à plus de 50° au dessus de zéro, en quête d’expériences à la lisière de la déviance…


« Shocking », diriez-vous ?...
Non, car malgré l’usage d’un langage cru et spontané, Penelope Skinner illustre avec pudeur comment la transformation d’un corps nourrit la transformation de l’esprit et altère le regard que les autres portent sur soi. Dans une nature chauffée à bloc, le comportement et la sensibilité des protagonistes sont exacerbés.


Becky se lance de manière inextinguible dans une quête éperdue d’identité, lui faisant palper les frontières de l’improbable en la propulsant virtuellement dans un monde fiévreux et onirique peuplé de lutins ou de gnomes en rut ayant revêtu le costume du comédien amateur et du plombier. Là, la débauche et les perspectives orgiaques et fantasmagoriques s’accompagnent pour Becky d’un plaisir peu dissimulé. A l’opposé, John, son mari, presque trop bien sous tous rapports, porte à lui seul toute la gestation avec une implication qui vire à l’excessif.
De ce désordre joyeusement établi, Penelope Skinner tire la pleine quintessence en livrant une comédie décapante, au ton savoureusement « british », agitant l’ordre social pour mieux nous laisser percevoir la subtilité de nos êtres lorsqu’ils sont soumis au moindre aléa ou à une métamorphose majeure.


Elle souligne alors avec brio comment nos propres changements, transformations ou évolutions conduisent invariablement à la modification des regards portés sur nous par le monde qui nous environne nous exposant ainsi à l’inattendu, l’insolite et l’imprévisible…

Claudia Stavisky

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