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TAC

+ d'infos sur le texte de Philippe Minyana
mise en scène Laurent Brethome

: La Pièce

Je suis parti de ce fait divers : un bonhomme de 70 ans à peu près, qui habite dans le XXème arrondissement à Paris, et qui a tellement accumulé de journaux dans son appartement qu’il ne peut plus entrer. Donc, il dort sur le paillasson, ou il va dormir c

Je suis parti de ce fait divers : un bonhomme de 70 ans à peu près, qui habite dans le XXème arrondissement à Paris, et qui a tellement accumulé de journaux dans son appartement qu’il ne peut plus entrer. Donc, il dort sur le paillasson, ou il va dormir chez ses maîtresses.


Il y a eu une fuite d’eau dans l’appartement, une plainte de la part des copropriétaires, et, comme il n’était jamais là, on a dû entrer de force chez lui. Evidemment, une tonne trois de journaux leur est tombée sur la gueule. Les éboueurs ont ouvert les fenêtres et ont tout jeté, y compris ses collections, et ils ont vendu aux enchères les meubles du vieux Monsieur aux commerçants de la place, dans le XXème. Le vieux rentre chercher son courrier, comme une fois par semaine, et il voit sa porte défoncée, ses vitres cassées, et son lit en fer, point.


Il a résisté, il n’était pas comme tout le monde. On disait « c’est un vieux fou », « c’est le vieux fou du quartier, c’est le clochard, etc. ».
Je saisis cet homme au moment où il est expulsé par son propriétaire. Parce que le plancher penche, évidemment… Une tonne trois de vieux journaux, ça abîme un plancher !


Et puis j’avais un autre fait divers en tête, celui d’une femme qui résistait à une Société, près de Grenoble. Elle était la seule habitante d’un endroit qui était totalement pris en charge par une société immobilière et qui voulait prendre tout le terrain. Elle se casse la rotule, elle va à l’hôpital, et pendant qu’on lui opère sa rotule – elle reste un mois ou deux à l’hôpital – on lui rase sa maison. Voilà. Avec l’accord de ses fils. (…)


J’avais comme point final l’histoire vraie, du père d’un ami à moi, qui a la maladie d’Alzheimer, et dont l’autre fils tient un local politique à Marseille. Il faisait du gardiennage dans ce local politique. Un jour le local politique déménage, et il continue à faire le gardiennage au même endroit. Et comme il est fou, on lui dit : « Mais oui, c’est ça, prenez le téléphone… »… Il dit : « Je prends les messages », « Oui, c’est ça, prenez les messages… ». Il n’y a plus de téléphone, la ligne est coupée. C’est une histoire terrible, tragique. Voilà, j’avais le début et la fin. Après, j'ai tricoté comme ça, en neuf tableaux, la chute d’un homme. J’appelle ça un « mystère laïc ». Un mystère au Moyen-­‐Age, c’est la vie des Saints ou de Dieu. Et là c’est la vie des laïcs, c’est la vie des gens d’aujourd'hui.


En neuf tableaux, on a la dégringolade…

Philippe Minyana (propos recueillis)

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