Depuis tout temps l’homme (é)migre.
Aujourd’hui plus que jamais, le monde bouge et chacun de nous peut être amené, à la suite d’un bouleversement personnello-naturello-politique, à bouger à un autre bout de son monde, emportant avec soi, dans son dedans, sa culture, ses amours,… sa vie en images.
Au carrefour de la destinée, du rêve, Sodade parle du sentiment de l’exilé, de la saudade avec un O comme une boucle, un fil tendu, instable et contrarié.
Sodade explore ici, un thème mécanique déjà présent dans une création antérieure du CIRQUE ROUAGES, mais à plus grande échelle. Manière d’approfondir un travail de recherche autour de cet agrès.
Je suis, en tant que metteur en scène, résolument tourné sur le geste pour réduire à l’essentiel et suggérer plutôt que de montrer.
Mettre en scène un projet réunissant 4 corps dans une boucle filo-mécanique, pour une grande jauge public, est un défi à relever !
Mais la matière de cette création à venir reste profondément physique...
Sodade explorera une structure dans ses moindres recoins comme un tableau, une feuille blanche au service des corps suspendus, accrochés, pivotant en aller-retour comme le va et vient des sentiments.
Quatre corps bruts pour une pièce résolument circassienne.
Pour un mouvement chorégraphié au service de la dramaturgie.
Et puis des matières… Le froid du métal et la chaleur du souvenir.
La toile comme source de formation/déformation de l’espace vide, de géométrie, de liant entre les corps.
Puisque la saudade est une couleur chaude, la peinture pourrait venir marquer l’espace public comme l’empreinte de l’épine amère et douce de l’exilé. Et l’espoir dans la poésie des mots, de l’absurde, comme la promesse d’une question posée.

Julien Athonady