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Sniper

+ d'infos sur le texte de Pavel Hak
mise en scène Renaud Cojo

: L’espace de représentation/ La rencontre

Note de mise en scène

“Je voudrai venir au théâtre pour ne pas m’oublier.
L’horreur implacable que constitue le récit de Sniper remet en perspective
ma condition d’humain. J’y retrouve l’appétit de chaos inscrit dans
l’essence même du processus de civilisation. La barbarie n’est pas de
l’autre côté même si la volonté sociale vise de plus en plus à châtrer de
moi-individu ma part d’ombre.
Dans cette “expérience” de “théâtre”, viser la mise à l’épreuve de la
tragédie de mon intime n’est pas un vain mot”.
Renaud Cojo



Parce qu’il s’agit de l’urgence de mettre au travail une réflexion basée sur l’appétit de barbarie dans une société où la guerre est sans cesse rejouée; la rencontre doit avoir lieu. Parce qu’il est question de la figure humaine, soustraite à l’affabulation de ses mythes et ouverte à sa réalité monstrueuse ; la rencontre doit avoir lieu.
S’agissant d’ordinaire d’un rituel d’inversion, le parti pris de représentation doit contrarier l’incarnation pour un processus exploratoire visant la rencontre idéale du livre et l’intimité de chacun.
Avec Sniper, il est impossible de représenter quoi que ce soit, quand la mécanique de l’implacable agit sur les consciences comme une sonde visant l’abyssale torpeur de nos peurs anciennes. Sniper met d’abord face à soi-même, au tréfonds de la douleur d’avant l’humanité. Aucune image, aucun signe illustratif ne saurait se soustraire à l’extraordinaire capacité à créer la secousse corporelle que nous donne à entendre Pavel Hak. Capacité à recréer même, quand il s’agit de générer une horreur enfouie dans une conscience partagée par le plus petit dénominateur commun à notre humanité monstrueuse.
Il ne peut y avoir de représentation au sens classique du terme dans la mesure où il semble que la présentation ex abrupto de l’épreuve propose une “prise en charge” nécessaire reléguant l’illusion du théâtre à l’expérience vécue.
J’envisage donc le sens de la représentation comme une aventure intérieure visant à créer une petite communauté recomposée de spectateurs plongés dans la tension du récit. Ici l’espace du plateau est rendu à l’immédiateté du texte. Il n’y a rien à voir seulement la reconnaissance de nos peurs communes. L’obscurité donne à voir de l’intérieur.
Il n’y a rien d’autre à regarder que ce chemin de lumière vers où la parole guide. Le récit doit être livré à la capacité sensorielle de chacun à donner intimement son tracé.
Cette perte de repère doit être envisagée grâce à la présence de “bouches parlantes” assimilées à celle du sniper et du récitant, enfouies dans les ténèbres dont elle pourraient demeurer le seul motif de la figure humaine à cette condition de représentation. De même, le choix de travailler avec un électro-acousticien dans ce dispositif permet d’agir directement sur la perception de chacun sur des systèmes de tensions physiques et non narratifs. Ces corps d’acteurs portant les bouches agissent aussi »


Ici rien à voir, que la réalité non représentée des premières peurs.


Ainsi, au moment de la rupture de tension, la communauté recomposée pour l’expérience Sniper se trouve bouleversée par la réception de l’un ou l’autre, permettant de poser un regard sur l’individu-miroir, renvoyant les motifs des peurs partagées.
L’issu en forme de lucidité pourrait se résumer à la persistance rétinienne d’une balle tirée en guise de point, ouvrant sur des rideaux de lumière vers lesquels un monde apaisé se dessinera. Alors la sortie sera possible.

Renaud Cojo

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