theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Savoir enfin qui nous buvons »

Savoir enfin qui nous buvons

mise en scène Sébastien Barrier

: Genèse

Le sujet de Savoir enfin qui nous buvons est le vin, et celles et ceux qui le font.


L’envie de raconter cette histoire est née de ma rencontre avec une dizaine de personnes, vignerons et vigneronnes, réunis autour d’une même conception du vin : du jus de raisin fermenté, dont la production est localisée, située, ancrée sur un terroir aux caractéristiques forcément singulières, et réalisé au plus près de son expression naturelle, c’est-à-dire sans recours à la chimie, tant au niveau de la culture de la vigne qu’à celui de la vinification.


Ces rencontres, dont les premières remontent au printemps 2005, déterminantes dans la (dé)construction de mon goût et dans la cartographie en mouvement de mes amitiés et affections, ont eu lieu dans le cadre de salons de vignerons où l’on m’a, à plusieurs reprises, invité à intervenir dans mon costume de Tablantec.


En deux ou trois ans, je suis devenu une espèce de clown officiel des salons de vin naturel. Il faut dire que je rendais bien aux vignerons et vigneronnes l’intérêt qu’ils témoignaient pour ma pratique !


Les premières dégustations vécues à leurs côtés, dans les allées de ces salons, puis dans leurs caves et dans leurs chais, m’ont procuré beaucoup de plaisir et ont fait naître autant de curiosité.


Et c’est en goûtant leurs vins que tous mes présupposés gustatifs se sont effondrés à mesure que leurs jus, encore sur-naturels pour moi, violaient mon palais et ma culture du vin - par ailleurs basée sur quelques reliquats de transmission paternelle et malentendus prestigieux et vénaux dont j’étais victime comme tant d’autres.


Comment des vins pouvaient-ils avoir des goûts si éloignés de ce que je tenais pour être, jusque-là, précisément du vin ?


Qui étaient ces hommes et femmes, loquaces, généreux, militants, parleurs, partageurs, philosophes et paysans, dont les vins sont parfois mieux connus à New York ou Pékin qu’à quelques kilomètres de leurs lieux de production, s’agitant dans une indifférence quasi générale à l’époque, et incarnant à quelques-uns une résistance dérisoire face à une industrie dont on connaît la puissance ?


Quelles étaient leurs histoires, leurs parcours ? Étaient-ils tous des enfants de vignerons, avaient-ils bifurqué en cours de route, étaient-ils autodidactes ou passés par des formations viticoles ?


Comment expliquer la légèreté des ivresses procurées par ces jus, et l’incroyable (bien que relative) fraîcheur éprouvée chaque lendemain d’excès, quand tous mes souvenirs de gueules de bois passées étaient systématiquement associés à des douleurs crâniennes au goût de « plus jamais ça » ?


Comment restituer le plaisir, le sentiment de privilège, de goûter et découvrir des vins en présence des hommes et des femmes qui les mettent au monde, puis d’avoir comme l’étrange sensation, en les buvant loin d’eux, de presque les boire eux-mêmes en avalant leurs jus ?


Bref, comment pourrais-je, à mon endroit et à ma manière, aidé des outils de ma pratique de la parole, raconter ces personnes, les mondes dans lesquels elles évoluent, en quoi elles me touchent, me fascinent et me passionnent ? Comment dévoiler leurs parcours, relayer leurs convictions, faire connaître leur travail, diffuser leur parole, tout en offrant aux spectateurs/goûteurs un moment, un récit, une performance voire un spectacle dignes d’intérêt ?

Sébastien Barrier

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.