SANDRINE est venue un soir.

Je m’étais enfin lancé dans l’entame d’un spectacle édifiant, que je cogitais depuis plusieurs mois et pour lequel j’avais des idées. Un spectacle montrant un enfant épris de liberté, vu par un adulte qui ne supportait pas ça… Après 2 heures au plateau j’étais perplexe, voire perdu, et le futur spectacle s’effondrait déjà comme un château de sable pris par la marée haute.
Je m’apprêtai à sombrer dans un désespoir typiquement artistique, quand un éclair me traversa. Ouvrant grand la porte de la salle, je m’exclamai :

« ET SI NOUS RACONTIONS L’HISTOIRE D’UNE FEMME COMPLÈTEMENT SEULE ! ET QUI NE FAIT RIEN ! »

C’était une intuition vague, pas même une idée. Juste le besoin de voir un être humain reclus en lui-même…
Nous tentâmes le coup, sans savoir où le coup mènerait. La recherche théâtrale commence, l’actualité médiatique et notre quotidien s’y greffent : le réchauffement climatique, la crise mondiale, notre voisine célibataire avec ses chats qui pissent partout, le petit boulot de l’ANPE qu’on essaie quand on n’a plus le choix, un prénom sorti d’un énième projet avorté : Sandrine, des bouts de décor rapportés du dépôt-vente, un disque d’Elvis…

De nos répétitions parties de -presque- rien, lentement émergent un caractère, des évènements et enfin, une forme. Cette forme, nous la testons devant un public en jouant une « saga Sandrine » près de chez nous, en Ardèche ( Episode 1 - « Sandrine à la Saint Valentin » (Couleur Café) ; épisode 2 - « Sandrine à U-Pack » (salle des fêtes de Lanas) ; épisode 3 - « Sandrine dans sa cuisine » (Panorama, salle de concert) ; épisode 4 - « La fin du monde » (Tradéri-Qhâwâ, restaurant) ). Cette forme continue de s’enrichir en traversant les villages durant l’été 2009 (Ardèche, Hte Loire, Lot-et-Garonne, Cantal) jusqu’à aboutir sur une scène de théâtre (Vanves, décembre 2009). Il aura fallu une année de travail pour que ce spectacle voie le jour. Une année à mettre le puzzle dans le bon ordre. Une année pour que Sandrine donne le fin mot de son histoire.

P. N.