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Quelque chose de possible

mise en scène Aurélia Guillet

: Note d'intention

Un homme et une femme. Lui vit de petits boulots, elle travaille au Musée. Tout les sépare, sauf leur solitude, leur folie et leur envie d'amour A travers une rencontre amoureuse improbable, nous avons imaginé une histoire à rebours des clichés romantiques, le chemin initiatique de deux personnes qui sʼouvrent lʼune à lʼautre alors que tout, sociologiquement, les sépare. Au sein dʼune société dʼindividualisme avec laquelle ils ont du mal à sʼaccorder, ils inventent leur propre chemin de liberté. Plutôt que de répliquer la réalité des lieux et des sons de la fiction, le théâtre devient un espace subjectif d'où émergent des bribes de réel. Un espace où les éléments scéniques servent avant tout à libérer le jeu et les corps des acteurs, en dialogue avec lʼécriture.


En partant de la réalité de leur différence de milieux sociaux, il nous intéresse de montrer les malentendus et combien cette maladresse à communiquer peut devenir comique. Notre désir est de tisser un éloge à lʼamour mais dans sa réalité quotidienne, concrète, loin de son imagerie médiatisée et idéalisée : montrer comment, dans la vie réelle, une rencontre peut avoir quelque chose de plus brut ou même parfois de violent, de moins joli et confortable, avec tout lʼhumour que peuvent comporter des situations imprévisibles.


Nous nous inspirons très librement du synopsis de la comédie de Cassavetes Minnie and Moskowitz, qui est certainement le film de Cassavetes le plus accessible même sʼil est le moins projeté, le moins connu ; retournant les codes de la comédie américaine, nous avons puisé dans ce film le matériau dʼune comédie moderne qui jouerait des ressorts classiques, en les démontant avec générosité.


Nous avons aussi ajouté une dimension onirique à cette histoire. LUI rencontre dans un bar une sorte de chanteur de cabaret décati, désenchanté mais plein d ʻune folle poésie, évoquant davantage lʼunivers de Meurtre dʼun bookmaker chinois. Ce personnage excentrique accompagne les méandres de la rencontre ponctuant par moment lʼaction avec des passages de textes parlé-chanté, apparaissant comme une « ange du bizarre » pour reprendre les termes dʼEdgar Poe (notamment lors dʼun numéro de cabaret drôle et inquiétant). Il intervient comme une ponctuation poétique qui suspend lʼaction. Nous le rêvons comme dans les cabarets des films de Lynch, chantant des poèmes mis en musique.


La fêlure joyeuse des personnages colore cette rencontre qui fonctionne à lʼénergie, notamment dans lʼinsistance dont font preuve les personnages pour sʼapprivoiser. Pris dans leur propre folie, en laquelle tout un chacun peut se reconnaître un peu, ils dévoilent la conquête de leur propre liberté et la possibilité de leur propre accomplissement.


Nous avons travaillé comme des coscénaristes, ciselant les personnages, définissant les situations, imaginant un séquençage pour quʼensuite, chacun puisse ensuite déployer son écriture. Ce travail à quatre mains s'est constamment appuyé sur des allers-retours entre le plateau et la table, prenant en compte la personnalité des acteurs et leur singularité. Il s'est nourri, en particulier, d'un temps de résidence commun à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon : le travail en improvisation, à partir du canevas de texte que nous avions fourni aux comédiens, a permis en retour d'approfondir l'écriture et d'affiner le dessin de la mise en scène. Plusieurs autres résidences (notamment à la Ferme du Buisson, et à la Fonderie, au Mans) permettront de poursuivre ce processus d'écriture de plateau.


Lʼespace
ELLE et de LUI sont souvent montrés dans leur solitude simultanément. Leurs espaces intimes respectifs coexistent sur le plateau, avec un espace vide où des panneaux redistribuent la perspective. Un escalier qui pourra changer de place permettant dʼorganiser différentes dynamiques spatiales selon les lieux de la fiction. Les accessoires montreront le minimum de la réalité des situations. Par exemple, pour sa chambre à LUI, une couverture au sol fera son lit ainsi que quelques cartons. Nous cherchons par lʼespace une forme de présence au plateau qui permette à la fois une familiarité avec les personnages, et de traduire lʼétrangeté et la poésie de leurs sensations subjectives.


Lumière et son
La lumière permettra différents focus entre lʼensemble ou un détail de lʼespace qui apparaîtra comme toujours nouveaux selon un nouvel angle en fonction des différents lieux de lʼhistoire. Les transitions fonctionneraient comme un montage au cinéma : ellipses, ruptures ou fondus enchaînés relanceraient la machine narrative.
Le son sera quasiment omniprésent en arrière plan comme une bande son avec des moments plus musicaux où les personnages se défoulent en écoutant de la musique, en chantant, ou en dansant.
La voix parfois amplifiée au HF permettra un focus sur des pensées intérieures, des moments festifs ou comiques libéreront une théâtralité libre et imprévisible.


Vidéo
Des images vidéo sʼinscriront dans le décor comme lʼarrière-plan de leur inconscient (rêve, fantômes du passé, rêverie du futur). La vidéo sera travaillée non pas comme un film continu mais en image par image comme une reconstitution de fausses archives des personnage ou une captation de leurs images mentales fugitives (un peu comme dans La Jetée de Chris Marker ou le travail de montage dʼarchives personnelles de Jonathan Caouette).

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