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Portrait Anna Seghers

mise en scène Françoise Lepoix

: Qui est Anna Seghers ?

19 novembre 1900 Mayence - 1er juin 1983 Berlin


Netty Reiling naît en novembre 1900 dans une famille bourgeoise, juive de Mayence (Allemagne). Elle sera une enfant souvent malade, fille unique, qui trouvera un refuge dans l’imaginaire en écrivant de petits contes. De son père antiquaire et marchand de tableaux, elle a le goût de la beauté. Elle vit une adolescence sur fond de guerre, apprend le russe en lisant Dostoïevski et Tolstoï.


1920, elle entreprend des études d’histoire de l’art et de sinologie à Heidelberg ; cette université est alors un lieu ouvert sur le monde où viennent de nombreux étudiants étrangers. C’est là qu’elle rencontre Laszlo Radvanyi, immigré hongrois qui prépare une thèse de philosophie. L’expressionnisme explose en Allemagne. Elle choisira de faire un doctorat sur les juifs et le judaïsme dans l’oeuvre de Rembrandt. Dans son journal à cette époque, elle décrit ainsi ses préoccupations : « Rodi, la révolution, mes parents ». Son engagement dans le communisme porte un espoir immense.


1925, elle signe Seghers une première nouvelle, traverse le pont et décrit le milieu ouvrier dans Jans va mourir. Anna Seghers est née.


1928, elle reçoit un grand prix littéraire, le Prix Kleist, pour deux nouvelles, La révolte des pêcheurs de Sainte Barbara, et Grubetsch. Elle entre au parti communiste allemand et à l'Union des écrivains révolutionnaires prolétariens, dont elle est probablement la cofondatrice. Sa fille Ruth naît la même année ; son fils Pierre a 2 ans.


1933, à l'arrivée d'Hitler au pouvoir, juive et communiste, elle doit fuir en exil, en France. Elle y participe aux activités antifascistes des exilés allemands, en particulier à la refondation de l’Union de défense des écrivains allemands, et y poursuit son oeuvre. C'est là qu'elle écrit La Septième croix, un grand roman sur les camps d’avant-guerre et la résistance en Allemagne. En janvier 1940, son mari, Rodi, est interné. Depuis Marseille, elle essaie d'obtenir des visas pour la famille ; ces mois d’attente seront la trame de son roman Transit, qui décrit parfaitement la situation des réfugiés en attente de papiers. L’entrée aux États-Unis lui étant refusée, c’est au Mexique qu’elle trouvera refuge. Pendant ces années d’exil, elle rencontrera Pablo Neruda et s’intéressera notamment à la révolution haïtienne. La Septième croix sera adaptée au cinéma en 1944, le film fera le tour du monde.


1947, Anna rentre en Allemagne après la guerre, Berlin est en ruine. Il est difficile de trouver des gens avec qui travailler et même à qui parler : « Cette femme de 47 ans dont le roman le plus important est depuis longtemps un succès mondial va vivre les années les plus solitaires et les plus déprimantes de sa vie » écrit Christa Wolf. Elle habite à l’hôtel, s’installe en zone américaine puis à Berlin Est, un temps chez l’actrice Hélène Weigel et son mari Bertolt Brecht. Lui refondera avec sa femme un théâtre, le Berliner Ensemble. Anna Seghers aura une place importante dans l'appareil politicoculturel. Elle est mue par un certain « principe espérance », comme dirait Ernst Bloch. Elle croit fermement que l’histoire, surtout celle de son pays va définitivement prendre un cours nouveau. « L’Allemagne ne doit plus être un conte d’hiver mais une réalité claire et dure » écrit-elle. Elle croit à la rééducation du peuple allemand, et préfère participer à la construction de cette république qu'est la RDA plutôt qu’à la construction d’une Allemagne « américaine ».


1952, elle est élue Présidente de l’Union des écrivains. Elle s’installe dans le quartier d’Adlershof où elle restera jusqu’à la fin de sa vie en 1983.
Très vite arrive l’époque glaciaire, le fonctionnement étatique se solidifie, elle parle dès son retour « des coeurs froids ». Et pourtant elle reste. Pourquoi ? Est-ce trop tard ?


1961, le mur qui sépare la ville en deux est construit ; la même année, l’écrivain Heiner Müller est exclu de l’Union des écrivains. Elle n’en dit pas un mot. « On lui reproche de ne pas en avoir fait assez » dit aujourd’hui une jeune femme poète ; puis elle rajoute « elle était sous surveillance, elle a fait des gestes ». Après son retour en Allemagne, sa vie sera marquée de zones d’ombres. « A la fin de sa vie, c’était une femme tragique » dira une autre femme. Nul ne pourra dire pourquoi cet écrivain, marquée par la résistance à la barbarie et mue par l’espoir d’une société plus juste, restera jusqu’à la fin dans un pays qui depuis longtemps avait trahi toutes ses valeurs.

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