: Comprendre le clown jusqu'à pouvoir être clown soi-même
Décidément, le clown est un personnage qui ne ressemble à aucun autre. Qui est-il ?
D’où vient-il ? Comment est-il fait ? De quoi ? Le clown est véritablement une énigme. Et pourquoi ai-je
toujours ressenti le besoin de me confronter à cette énigme ? J’ai parfois eu l’impression que tout
le travail théâtral que j’ai accompli jusqu’ici - jeu, mise en scène, écriture - tendait vers cet objectif :
comprendre le clown jusqu’à pouvoir (savoir) être clown moi-même.
Chaque fois que j’en ai eu l’occasion, j’ai tenté d’approcher cet art. Il m’est arrivé par exemple de me
travestir en petit rat de l’opéra... Certains pouvaient voir là une sorte de provocation folklorique mais,
au fond de moi, je savais bien qu’il s’agissait d’explorer les chemins qui mènent au clown.
Aujourd’hui, j’y suis. Et dans Naissance d’un clown, je raconte justement comment un homme, dans
un tête-à-tête hallucinant avec un objet (ici une lampe de chevet), peut déclencher le mécanisme du
rêve. Ici disais-je, c’est une lampe de chevet, mais dans de nombreux numéros de clown, cela peut
passer par un faux miroir, par des grands cartons vides, par des exercices d’équilibre voués à l’échec.
Une fois le processus déclenché, cet homme-là (ce clown-là) va s’aventurer dans l’inconnu. Au fond,
comme les poètes qui regardent le monde, il ne verra ni le ridicule, ni la maladresse, ni la solitude, ni
même son visage barbouillé de blanc. Il ne verra rien d’autre que le désir de tenter une impossible
quête.
Naissance d’un clown raconte cette quête. Il traversera de multiples épreuves en route vers « le pays
des hommes qui ont des têtes de clown sans le faire exprès ». Presque tout de suite, il réalisera qu’il
a « le coeur dans les genoux ». Mais chacun d’entre nous n’a-t-il pas, à un moment de sa vie, le coeur
dans les genoux ? Il croisera le chemin d’une fée, possible amour mais dernière dérision. Il affrontera
les éléments naturels. Il appartiendra « au monde des lampes de chevet » mais en même temps, il se
révoltera contre ce monde artificiel.
Bien sûr, il y a là un exercice surréaliste à « changer le monde » mais peut-être est-ce la seule condition
pour que, se mettant à nu, l’homme devienne « un clown de lui-même ».
Philippe Faure
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