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: La Pièce

NICO-MEDEE-ICON
La figure de Nico nous intrigue. Nico Icône, une femme que l’on ne connaît pas, que l’on aperçoit, un mythe. Son histoire, son visage, son attitude, son jeu de scène, attise la convoitise. Un matériau à posséder pour utiliser au théâtre.
La lecture des différents textes de Nico, poésie, autobiographie : Cible Mouvante, ou autour de Nico comme le texte de Lester Bangs : Votre ombre a peur de vous : une tentative de ne pas avoir la trouille de Nico, m’ont conduit, consciemment/inconsciemment vers le Matériau-Médée de Heiner Müller.
Pendant l'élaboration du projet les images n’ont cessé de se refléter l’une l’autre, de Nico à Médée, de Médée à Nico, un jeu de miroir ininterrompu.
Ces deux matériaux se répondent autour de différentes facettes : Allemagne, femme, mère, époque, terrorisme, étrangère, enfant, détermination...


COMMENT METTRE EN SCENE NICO ?
COMMENT PARLER DE NICO ?
QUI EST NICO ? MEDEE ? NICO ?
“Oui, il semble bien qu’à la trilogie sacrée Drugs, Sex & Rock and Roll, il faille ajouter le sang. Quand le rock devient une tragédie grecque...“
Jean-Paul Bourre.


La thématique de Médée ne relate pas une situation vécue par Nico. Elle apparaît plutôt comme un rêve, une possibilité qui n’a jamais eu lieu. Le texte de Müller Matériau Médée date de l’époque où Nico, dégagée du Velvet Underground, entamait sa carrière solo avec les albums The Marble index, DessertShore ou encore The End. La poétique de ces oeuvres (Müller/Nico) communiquent par d’étranges chemins, elles racontent une époque, la fin des années 60 avec tous ces héros tragiques (Jimmy Hendricks, Jim Morrison, Brian Jones, Janis Joplin...) Drogue, sexe et rock donnait à la mort un statut particulier. Le leitmotiv de beaucoup de ses textes (du rock et du blues en général) est un voyage, dans lequel on te dit incessamment qu’il faut que tu rentres chez toi, Get back to where you once belonged. Cet avertissement te rappelle sans cesse que c’est la mort qui t’attend au bout du chemin. Rock et Tragédie se rencontrent sur les terrains de la mort.
Le texte de Müller a deux vertus particulières dans ce contexte. Il propulse Nico dans un espace temps qui n’est pas sans nous rappeler des films comme la cicatrice intérieure de Philippe Garrel (1972). Un noman’s land (Rivage à l’abandon > DesertShore) dans lequel la situation s’exprime en dehors d’un contexte psychologique. Une métaphore de la mort avant la mort. De plus, le texte lui-même, son phrasé, son rythme, son vocabulaire, est matière pour le chant. Le texte aurait pu s’appeler le chant de Médée (Médealieder) comme un autre texte de Müller porte un titre aussi évocateur : Medeaspiel.
Le texte peut se jouer comme un lieder, comme un opéra rock. La situation ne nécessite pas de décor ni d’accessoires, Müller nous parle d’un peep show ou seul le corps parle. Si la composition musicale est écrite par le musicien new-yorkais Bob Lipman et le français Dominique Lentin, certaines parties seront directement inspirées des musiques de Nico et des arrangements de John Cale.


METTRE EN SCENE LE ROCK
Le rock : résurgence contemporaine de la tragédie grecque.
La scénographie est calquée sur l’imagerie commune de la scène rock : batterie, amplificateur, guitare, micro, pied de micro et projection. Au milieu de cet état de fait, la situation tragique doit s’exprimer. La musique est, comme pour un concert rock omniprésente, elle est l’essence même du spectacle. Elle détermine le rythme, la tonalité, la couleur, le volume sonore, impose à la chanteuse d’utiliser son microphone. L’illusion scénique n’existe plus. Le texte nécessite le naturalisme de la scène, nous dit Müller dans la didascalie finale.


MEDEASPIEL
Le Matériau Médée de Müller a un côté très performance. Se venger de son mari en tuantsa nouvelle femme, puis assassiner ses enfants et présenter leurs corps inerte au père. Et tout cela en 40 minutes. La dramaturgie ne peut fonctionner sur une psychologie qui mènerait à cette situation. L‘énergie dégagée par un concert rock, menant jusqu’à l’épuisement, aussi bien des musiciens, chanteurs, que des spectateurs, doit fournir la situation : une sorte de cérémonie vaudou, tentant d’exorciser le mal, de le faire sortir, de l’exploser au-dehors. Il faut sortir de soi pour arriver à ses fins.


“Et contre cette putain de vie qui lui avait fait le cadeau empoisonné de la grâce absolue, Nico finira par gagner, en s’éteignant parfaitement bousillée par la guerre, après avoir patiemment réduit sa beauté en bouillie. "Qu’as-tu fait de ton don ?", demandait la bible. "J’ai mis tout mon génie, à le détruire", aurait répondu Nico, née Christa Päffgen, morte épuisée mais vengée.


“La tragédie grecque se jouait avec des masques. Le spectacle, comme un palimpseste, est une succession de masques qui se superposent les uns aux autres : de Médée à Nico, à l’actrice, à la chanteuse, à Nico. Un jeu de miroir incessant, jusqu’à se confondre puis se briser.


MEDEE L’ETRANGERE
Dans Anatomie Titus, Heiner Müller parle des Goths qui avaient appris à lire Ovide, l’histoire de Térée et Philomèle et l’avaient ensuite utilisée contre Lavinia, la fille de Titus, en la violant puis en lui coupant mains et langue, pour qu’elle ne puisse ni dire ni écrire qui lui avait fait cela. Les terroristes du 11 septembre avaient fait de même, en apprenant le pilotage des avions de ligne puis les retournant contre les deux tours.
La langue est un élément important du spectacle. Médée est une étrangère, elle parle, peu ou mal la langue de son pays d’adoption. Nous avons choisi l’anglais et la traduction de Carl Weber comme langue principale du spectacle.
Anne Ferret, la comédienne est française, mais l’utilisation de l’anglais, la langue du rock, comme terrain de compréhension oral, donnera à Médée un but, celui de maîtriser cette langue pour la retourner contre son mari.


NICO-MÉDÉE Nico avait, elle-même, fait le premier schoot d’héroine à son fils Ari. Elle avait déclaré en 1985 : “Si je n’étais pas chanteuse, je serais certainement morte, aujourd’hui. J’aurais fait partie de la bande à Baader. Je suis plus ou moins du côté des hors-la-loi“.

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