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Madame on meurt ici !

mise en scène Joël Jouanneau

: L'auteur

J’ai écrit une première version de cette pièce un peu après la mort de Pasolini, à la fin des années 70.

J’étais jeune et un peu déçu des réactions des milieux intellectuels qui parlaient de complot, d’assassinat politique. On peut mourir pour des idées, mais pas d’amour, semblaient-ils dire. Je me suis souvenu de Joe Orton dont j’avais vu Le locataire avec Madeleine Robinson et lu des pièces. Il s’était fait fracasser le crâne par son compagnon. Mort d’amour.
Je me suis attaché à son histoire, comme une version d’All about Eve gay et tragique et j’ai écrit une pièce dont je fis une lecture au Jeune Théâtre National, alors dirigé par Patrick Guinand avec le concours de Jacques Cousinet, qui y croyait. Elle s’intitulait Romance. J’en refis une lecture au Festival d’Avignon. La pièce m’effraya, peut-être. Je la rangeai dans mes tiroirs.
Douze ans plus tard, à l’occasion d’un concours de pièces sur le thème de la trahison, j’en fis une deuxième version, dégagée de l’histoire d’Orton, car entre temps était sorti le film de Stephen Frears Prick up your ears, adapté de la biographie de John Lahr par Alan Bennett. On me reprocha, paraît-il, de m’inspirer d’un film, qui fut réalisé quatre ans après l’écriture de ma pièce. Je la rangeai dans mes tiroirs.
Elle dormait, comme d’autres. Je la regardais dormir, c’est-à-dire, je l’amendais, j’essayais de me dégager de l’anecdote, du fait divers.
Huit ans plus tard, elle fut lue en allemand par les comédiens du Burg Theater dans une traduction de Heinz Schwarzinger. Les gens pleuraient.
J’aime les rires. Je la laissai tranquille, moi aussi, il faut continuer à vivre.
Je l’avais oubliée. Pas Jouanneau qui s’en souvenait et me demanda à la relire.
Il tournait autour. Un jour il me remit mon texte dans lequel il avait coupé.
Rien ne me fait plus plaisir qu’une coupe.
Nous en avons parlé, lui comme d’un futur, c’est-à-dire avec intérêt, moi comme du passé, c’est-à-dire avec indifférence.
Lui avait un grand désir de travailler avec Roland Bertin et avait projeté sur lui la figure de Francis. Ce choix du prénom Francis m’a fait croire que quelque chose s’était fondu dans sa tête : Bacon et Bertin - Francis B. Le projet devenait réalité.
Il y eut enfin des séances de lecture à Théâtre Ouvert, avec les acteurs. Brusquement ces corps dans l’espace ont bousculé la fiction. Il me fallait absolument réécrire, adapter, la démonstration du metteur en scène était claire : le théâtre s’écrit - pour sa plus grande partie - dans le théâtre. J’ai donc réécrit une nouvelle version au mois de juillet 2002. C’est devenu comme l’adaptation du texte d’un autre, un jeune homme des années soixante-dix.
Voilà, c’est une pièce écrite en 1980, terminée en 2002.

Louis-Charles Sirjacq

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