theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « La Tragédie de Macbeth »

La Tragédie de Macbeth

+ d'infos sur le texte de William Shakespeare traduit par Yves Bonnefoy

: Note d'intention

Macbeth est la pièce du désir. Non du désir de quelque chose, mais du désir d’être quelqu’un d’autre que soi (plus grand, plus haut, ou simplement différent). Désir maudit, mais qui nous hante pourtant tous. Comme si, en nous, une voix confuse, intérieure, insomniaque, ne cessait de se proclamer insatisfaite de la place qui nous est assignée sur cette terre.
Nous sommes à la fois ce vœu d’être autre, et la peur, l’inquiétude affolante que cette envie nous inspire. Comment en effet prétendre dépasser ce que nous sommes sans craindre la chute, l’abandon et la calamité ?
Macbeth raconte cette voix sombre et terrifiante qui nous susurre à nous-mêmes à la fois l’audace et la dépression, le courage et la cruauté.
C’est une œuvre « fantastique » qui creuse pourtant au plus intime de nous-mêmes, comme s’il fallait des sorcières, des forêts qui avancent, des meurtres, des fantômes et des apparitions pour pouvoir (nous) représenter notre désir et notre effroi les plus confidentiels. C’est pourquoi je monterai la pièce dans la traduction lumineuse d’Yves Bonnefoy, et dans l’écrin spectaculaire que j’ai utilisé pour l’opéra.
Macbeth est la pièce la plus métaphysique et à la fois la plus enfantine de Shakespeare, sous le terrible extrême de sa narration, elle met en branle les sentiments les plus archaïques du cœur humain, l’envie, la peur, la lâcheté ; ses personnages sautillent de joie et grelottent d’angoisse comme un enfant solitaire dans sa chambre obscure au milieu de ses rêves et de ses effrois, guettant parmi les ombres changeantes de la nuit les clefs de son destin.
C’est pourquoi elle s’avivera de beaucoup d’images, de films, de musique.
Mettre en scène Macbeth, c’est tenter de mettre en images ce désir venimeux d’une autre vie qui nous empoisonne nous-mêmes jusqu’à la faute, jusqu’à la mélancolie ; c’est essayer de faire humer, sous la fable pleine de bruits et de fureur ce battement, ce martèlement plein de terreur, fébrile et sourd du gosse épouvanté en nous.

Frédéric Bélier-Garcia

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.