Léo est tiraillé entre son envie de grandir et ses peurs enfantines. Dès le début du texte, il déplore sa petite taille qui l’empêche d’avoir accès à une partie du monde. Il se mesure avec son doudou, objet transitionnel qui fait le lien entre la personne unique qu’il est et la mère dont il tente de se détacher.

Les personnages que Léo rencontre sur son parcours ont une problématique commune qui reflète celle du personnage principal. Ils subissent la fonction et le rôle qui leur a été donné à la naissance et tentent d’échapper à leur destinée ou de trouver une échappatoire, si éphémère-soit-elle. Petite Nuit, lasse d’effrayer et de faire fuir âme qui vive sur son passage, vient chercher dans la chambre de Léo la chaleur qui lui manque. Elle effraie, non par son identité propre, mais par les fantasmes et les peurs que son nom véhicule. Les Tout-Petits emprisonnés dans un corps qui ne leur permet d’entrevoir qu’une infime partie du monde tenteront, par l’intermédiaire de Léo d’exprimer leur sentiment d’oppression et par le biais de son imaginaire, d’accéder à une autre représentation du monde, que celle plus réduite, dont ils se contentaient par défaut. Ils ne s’expriment qu’en groupe, aucun d’eux n’est reconnu comme une personne à part entière. Leur petite taille est une caractéristique qui écrase toutes les autres dans le regard de la société.

Léo, insatisfait des images et des réponses que les adultes lui donnent, invente les siennes plus personnelles, qui prendront racine dans le réel mais lui permettront de dépasser ses limites…

Krystel Beauchêne

02 octobre 2012