: Dora et la norme
Le personnage central de la pièce, Dora, semble être naïve. Elle emploie un langage
simplifié et paraît ne jamais s’autocensurer.
Dora serait comme l’inconscient à voix haute de son entourage, dont elle questionne et
déstabilise les règles et les habitudes. En parlant ouvertement de sa vie intime, et
sexuelle en particulier, avec ses mots infantiles, en parlant de ce qui ne se dit pas, elle
force les autres personnages à nommer leurs propres tabous.
En répétant sans cesse les expressions des autres tout en modifiant le contexte de leur
utilisation, elle rend finalement brut et dérangeant le langage de son entourage, au
premier abord pourtant si policé et civilisé.
Par ces processus intrusifs ou répétitifs, et semble-t-il involontaires, Dora crée un effet
de miroir déformant des normes tacitement établies par la micro société de la pièce.
Ainsi, Dora « l’anormale » amène les autres à se poser la question de la norme. Et
finalement, Dora enceinte, ce qui est « normal » pour une femme, devient ici l’apothéose
de « l’anormalité ».
Les névroses sexuelles de nos parents portent une dimension émouvante et
dramatique dans le contraste entre la croyance de Dora dans un amour inconditionnel, et
la trajectoire de la pièce qui, du réveil de la sexualité de Dora jusqu’à sa répression
progressive, culmine dans son avortement, sa stérilisation et son amant qui l’abandonne.
C’est le thème de la pièce, celui de la résistance contre la « mise aux normes » insidieuse de la société, celui de l’insupportable différence qu’il convient de contraindre, jusqu’à « stériliser», qui a motivé le choix de mettre en scène Les Névroses sexuelles de nos parents.
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