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Les Injustes

+ d'infos sur le texte de Pascal Larue
mise en scène Pascal Larue

: La note d’intention du metteur en scène

La guerre je ne l’ai pas connue, j’ai eu cette chance et pourtant elle hante mon imaginaire, elle est là autour dans les pays si proches et dans les temps si peu reculés.
« Nous sommes en paix entre deux guerres » disait Brecht.
Au service militaire obligatoire, c’est comme ça qu’on l’appelait, face à l’antimilitarisme de ma génération, un professionnel nous disait : « Toutes les générations ont eu la leur, c’est votre tour ».
Il s’est trompé, la dernière pour un français a été celle de mon père : l’Algérie.
Elle est là dans une mythologie encore vivante et honteuse.
Alors après plusieurs mises en scène de « pièces de guerre » dont la grande « Mère courage » ou des œuvres plus personnelles comme « Les ponts en ruine » trois pièces évoquant le siège de Sarajevo, elle m’est revenue sur le devant, avec en toile fond les printemps arabes et la Syrie.
Avant de parler des autres parlons de nous, si nous pouvons démonter notre propre barbarie, celle de nos voisins nous sera moins inconnue.
« Le démontage de l’histoire, son remontage selon une raison plus lyrique que logique, permet seul de faire entendre la protestation de celui qui sait bien qu’il n’y a pas de « raison dans l’histoire » et que le discours des savants ne peut dissimuler notre condition d’enfant quand les chars déboulent et les obus tombent. »
Comment aimer mes personnages, monstrueux commanditaires ou exécutants dociles de meurtres qui en appellent d’autres sans cesse en écho, car il faut bien que je les aime pour les écrire, à les considérer autrement que comme des enfants ?
Et si ce sont des monstres, cela évite de les juger. Peut-on juger des enfants ? Je n’ai aucun goût pour le jugement.
L’art de la Guerre fut français a une époque, nous l’avons exporté avec celui de la torture, aujourd’hui il fructifie ailleurs. Cet art-là s’est délocalisé bien avant la mondialisation.
L’Algérie Française est un passé d’où je viens, il me permet de parler de ceux qui l’ont faite et défaite avec proximité, commenter une vieille photo de famille en quelque sorte, histoire de dire au plus concernés du temps présent et aux frontières instables : « C’est toujours la même histoire et apparemment il y a encore pour un moment. Dans votre exil, venez boire un verre, on pourra en parler faute de mieux. » Moi la parole, suis bon qu’à ça !
"- Rappelez-vous tout simplement qu’entre les hommes il n’existe que deux relations : la logique ou la guerre. Demandez toujours des preuves, la preuve est la politesse élémentaire qu’on se doit. Si l’on refuse, souvenez-vous que vous êtes attaqué et qu’on va vous faire obéir par tous les moyens. Vous serez pris par la douceur ou par le charme de n’importe quoi, vous serez passionné par la passion d’un autre ; on vous fera penser ce que vous n’avez pas médité et pesé ; vous serez attendri, ravi, ébloui ; vous tirerez des conséquences de prémisses qu’on vous aura fabriquées, et vous inventerez, avec quelque génie, – tout ce que vous savez par cœur.
- Le plus difficile est de voir ce qui est, – soupirai-je" (Paul Valéry, Monsieur Teste, Gallimard)
Essayons de regarder avec nos yeux d’enfants.
La guerre d’Algérie est mon contexte, exorciser d’ancestrales peur peut-être ma raison (d’écrire ça).

Pascal Larue

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