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Le Nerf

mise en scène Guillaume Malvoisin

: Origine et idée commune

En avril 2005, nous montons avec Sébastien Bacquias un duo d’improvisation écriture/contrebasse intitulé BATTLING ). Cette forme, balançant entre combat, concert et poésie, nous permet de tester une écriture moins volontaire, moins sophistiquée et surtout plus souple. C’est en marge de ces sets d’improvisations que nous découvrons The Connection, pièce écrite par Jack Gelber en 1957, mise en scène par Julian Beck et le Living Théâtre en 1959 avant d’être filmée par Shirley Clarke en 1961. Le Nerf est la réinvention de la pièce de Jack Gelber, invention au sens archéologique de découvrir. Pour prolonger l’émotion reçue de la lecture de cette embardée jazz à Broadway, nous en écrivons une version actualisée basée sur la traduction du texte original. À la version native fondée sur l’attente et l’ennui, nous réinjectons un rythme interne, violent et incantatoire venu des brouillons de sessions de BATTLING. Naît une sorte de cousin nerveux et sensitif dont ceci pourrait résumer la genèse de ce palimpseste : nous inscrivons par-dessus les répliques du manuscrit d’origine nos questions et nos obsessions. Il sort de ces retouches et de ces ratures que l’Amérique qui a éclairé nos rêves de gosses éclaire également ce rêve d’aujourd’hui, celui de fédérer une communauté de théâtre hétéroclite, insolente et réjouissante, autour de cette question : LA VIE EST UN ACCIDENT, COMMENT COMPOSE-T-ON AVEC CA ?


Notre monde clame partout son besoin de repère et tremble face à l’inconnu. Le repli et la nostalgie mélancolique font la plupart du temps la nique au courage. Il faut tenir debout, réclamer le vivant, même le plus fragile et le plus cabossé s’il est d’ici et maintenant. Les repères naissent, aujourd’hui, du mélange de ce fragile et de ce cabossé. Peut-être plus qu’ailleurs, au théâtre on peut célébrer l’impureté de ce mélange. Si Bernard Sobel le dit, le théâtre est né du handicap de la démocratie à être parfaite, réjouissons-nous alors que toutes sortes de langages envahissent les scènes et les plateaux pour prendre la parole et venir accréditer l’affirmation de Michel Vinaver que la négociation est le fondement de la République. Et là, il y a un coup à jouer. Le théâtre devient la focale républicaine idéale et imparfaite. Idéale car impure du sang des autres langages et imparfaite car incapable de soigner. Donc pas de réponses, pas de miracles, pas de prophètes mais des bennes de questions posées. Et pour ce qui est de consoler, là oui. Le chant des poètes des plateaux est là pour cela. Pour la joie. C’est ce que nous tentons de mettre au coeur du Nerf : DONNER UNE FORME A LA JOIE (Ingmar Bergman), une forme gaie au désastre en débat inlassable avec l’espoir. Ce que chacun des personnages ou des spectateurs vient fuir importe peu. Ce qui nous intéresse c’est ce qu’il vient sauver et préserver dans ce recoin du monde. De quoi partir d’un semblant d’ordre autoporté pour arriver au coeur d’une polyphonie humaine, vivante et sonore.

Guillaume Malvoisin

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