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Le Mardi où Morty est mort

mise en scène François Rancillac

: Genèse

Tout part d’un coup de fil de Johanny Bert, peu avant Noël, et ce fut un vrai cadeau : voudrais-je imaginer un spectacle avec les cinq comédiens associés au Fracas ? Que oui, pardi ! Avec la satisfaction (certes un brin narcissique) d’être soudain sollicité, avec l’envie d’apporter ma petite pierre à ce nouveau projet dans ce Centre dramatique déjà si riche en belles histoires de théâtre. Avec le plaisir aussi de retrouver quelques comédiens passés comme moi par La Comédie de Saint-Etienne, et de découvrir les autres…


A mon habitude, après moult détours, mon idée de départ fut la bonne : Le Mardi où Morty est mort de Rasmus Lindberg (formidablement traduit du suédois par Marianne Ségol et Karin Serres !) collait parfaitement à la distribution « imposée » et à ce que j’aime au théâtre : une langue-monde, une écriture qui rende compte dans le détail comme dans sa forme générale d’un regard singulier sur nous autres, les humains…


Soit une petite ville de province (de Suède ou d’ailleurs, qu’importe !), où les jours succèdent aux jours, et où l’on ne peut que croupir ou rêver de s’enfuir à la première occasion : comme si la vie serait forcément plus intense, plus romanesque « là-bas », au « centre ». Encore faut-il avoir le courage de partir… et ne pas être trop décentré soi-même… Ce mardi-là (puisque tout se cristallise sur une seule journée) un chien fugueur (Morty) et une série d’incidents vont mettre en branle Édith, Amanda, Herbert, Sonny et le pasteur, tous englués jusqu’à la gorge dans leur médiocrité, leurs renoncements ou leur découragement. Et alors la vie reprend les rênes et les fait valdinguer cul pardessus tête hors de leurs ornières, de leurs oeillères. Et alors explosent les c?urs rétrécis, les désirs refoulés, les âmes compressées. Alors le temps perd les pédales, les situations s’emboîtent comme des poupées gigognes, l’espace sort de ses gonds et les personnages s’entrechoquent comme des marionnettes d’un Guignol affolé.


Rasmus Lindberg (qui a à peine trente ans et fait montre déjà d’une étonnante maîtrise de plume !) a le chic d’écrire du théâtre comme de la BD, maniant le rire et l’absurde pour saisir au plus près l’angoisse et le désarroi de ces hommes et femmes perdus au bout du monde, au bord d’eux-mêmes. C’est un théâtre excitant au possible, à jouer à toute vitesse (mais avec une précision diabolique), un théâtre insolent et désespéré, qui donne du courage à vivre et à créer.

François Rancillac

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