Au commencement, l'espace est seul.
Elle arrive, le découvre, le mesure à sa manière avec son corps, se mesure à l'espace, l'occupe puis le laisse.
Lui arrive, découvre le grand rond, seul. Le mesure à sa manière, l'arpente, l'occupe et sort.
Ils reviennent en même temps et surprise. Ils ne sont pas seuls. Il y a un autre. Qui est cet autre ?
Ils se découvrent, et découvrent que l'autre veut aussi occuper l'espace du grand rond.
Pour marquer leur territoire propre, ils vont employer des tissus de plus en plus grands, qui vont recouvrir de plus en plus d'espace. Chacun a des tissus d'une couleur différente. Lui a des tissus rouges, elle a des tissus blancs.
Au début le partage de l'espace semble équitable, ils s'arrangent, ils marquent des frontières, ils se côtoient.
Mais progressivement, de petites incursions en franches implantations, ils essaient d'envahir tout le territoire.
Jusqu'au moment où la guerre est déclarée. Ils se battent à coup de tissus, brandissent des drapeaux, s'emmêlent et se retrouvent empêtrés dans la couleur de l'autre. Habillés du tissu qui n'est pas le leur, ils se découvrent autrement, et tentent le « mélange ».
Mais chacun veut tout pour soi. Ils se disputent les tissus plus que jamais, tant et si bien qu'ils brisent le grand rOnd.
L'espace s'ouvre.
Stupéfaits, ils découvrent qu'il n'y a maintenant plus de limite. Ils s'aperçoivent aussi qu'il n'est plus nécessaire de recouvrir le sol pour occuper l'espace car celui-ci invite à courir et faire voler les tissus comme des grandes voiles. Ensemble, étonnés et curieux, ils prennent leur envol pour explorer le monde !