: Chants d'expérience
Dans ces deux pièces (Gertrude (Le Cri) et Le Cas Blanche-Neige), Howard Barker met en scène deux personnages de Reines qu'il donne comme des incarnations exacerbées, voire des allégories, de la féminité. Première dame au royaume
des hommes, la Reine transforme l'intime en enjeu politique : plus que sa beauté, c'est sa sexualité rendue, comme le
dirait Roland Barthes, éminemment «lisible» qui l'arme d'un pouvoir irrésistible. Barker place le personnage de la
Reine au centre de chacune des deux pièces et s'attaque, en opérant une inversion des genres, à la problématique classique
des deux corps du roi (le corps privé et le corps politique) - traitée au masculin notamment par Marlowe, avec
Édouard II, et par Shakespeare, avec Richard II.
Les deux mythes que Barker convoque comme hypotextes - celui, résolument tragique d'Hamlet et, celui, qui implicitement
ne l'est pas moins, de Blanche-Neige - lui permettent d'explorer de manière paroxystique l'essence nécessairement
tragique de l'être-femme. On est là confrontés, sur un mode en apparence plus ludique qu'à l'accoutumée (l'effet
conte de fées), à l'une des plus grandes préoccupations de Barker, qui hante déjà ses pièces de la tragédie de la féminité
(Tableau d'une exécution, Judith, Und, Ursula, etc.).
Élisabeth Angel-Perez, préface de Gertrude (Le Cri) et Le Cas Blanche-Neige, éditions Théâtrales
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