Avec Le Cas Blanche-Neige, Howard Barker s’éloigne d’un théâtre directement politique pour explorer ses thèmes de prédilection à travers la sphère de l’intime.
Blanche-Neige, rejetée par sa belle-mère et son père, fera son initiation sexuelle dans la forêt, où elle sera « sauvée » par le Prince des irlandais. Lors du mariage de Blanche-Neige et du Prince, la Reine, engrossée par le Prince lui-même, sera mise à mort par le Roi, de la même façon que dans le conte des frères Grimm. Barker reprend ainsi la structure du conte mais la distord, la corrompt en quelques sortes car ici, il n’y a pas de fin heureuse édifiant une morale du bien et du mal, capable de punir ou de préserver l’individu, mais au contraire une fin tragique où la mort et la solitude sont les conséquences inévitables de l’initiation. A l’instar de Georges Bataille, Barker explore ces moments d’excès qui, seuls, nous permettent de mettre en jeu ce qui nous fonde. Ainsi la mort, que nos sociétés occidentales tentent de nier par tous les moyens, est au coeur de la quête du héros tragique qui, parce qu’il se demande comment mourir, s’interroge nécessairement sur comment vivre...

Delphine Cheverry