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La Petite pièce en haut de l'escalier

mise en scène Blandine Savetier

: Entretien

Cette pièce de Carole Fréchette offre d’étranges ressemblances avec Barbe Bleue. S’agirait-il d’une relecture du conte ?


Certes on peut considérer qu’il s’agit d’une réécriture contemporaine de Barbe Bleue,mais c’est aussi beaucoup plus que cela. Il y a, par exemple, cette idée du bonheur impossible, inaccessible, même là où pourtant toutes les conditions semblent réunies pour être heureux.Grâce, l’héroïne de la pièce vit un conte de fées. Mais derrière l’apparence, le palais aux pièces innombrables, l’argent qui coule à flot, etc., quelque chose est là quimenace ce bonheur peut être trop clinquant. Carole Fréchette entretient une relation ludique avec le conte d’origine. Henry, le mari de l’héroïne, n’est pas tant un aristocrate qu’un parvenu par exemple. Il étale sa richesse, il frime, son langage est assez trivial et quand il part en voyage ce n’est pas pour Venisemais pourDubaï. Ce texte n’est surtout pas à prendre au premier degré.


Et puis il y a, bien sûr, la fameuse « petite pièce », la seule du palais dont l’entrée est interdite…


C’est une parabole. Il y a cet interdit qui cache forcément quelque chose et qui en même temps excite la curiosité. L’écho lancinant du péché originel, la curiosité. Et cela devient une obsession. Qui dit secret, dit volonté de savoir, de découvrir ce qui est dissimulé.Mais ce qu’elle découvre derrière la porte ne résout pas l’énigme, au contraire. Cela pourrait être la part d’ombre d’Henry. Son double caché, comme un fantôme de lui-même, une trace de ses fautes passées, sa douleur ou la douleur dumonde ou encore la douleur d’être un homme. Et puis il y a les autres personnages de la pièce : Jocelyne, lamère de Grâce, Anne, sa soeur… Or ces personnages sont toujours présents dans la tête de Grâce, comme s’ils communiquaient par télépathie. Ou comme si elle était folle ou en train de faire un cauchemar. Il y a un rapport ambigu avec lamère. Anne serait celle qui lui a résisté. Elle s’occupe de la souffrance humaine, travaille dans l’humanitaire. Grâce vit dans le luxe, mais n’est pas heureuse. La pièce renvoie aussi à une pensée mythique, irrationnelle. À l’enfance aussi, quand on est enfant, on ressent les choses différemment sur unmode qui relève du symbolique.

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