: Origine d’une pathologie
Selon Kerjentsev, le rapport des experts
chargés de l’examiner doit prendre en considération
les feuillets qu’il rédige, en sa qualité de
médecin, et dans lesquels il se livre à un exercice
d’auto-analyse du fonctionnement de sa
propre pensée.
Le devenir de cette pensée se joue dans
cette introspection mise à jour par le truchement
de l’écriture. Et c’est la rédaction même de ces
feuillets qui va définitivement lui faire perdre
la raison.
Cliniquement, Kerjentsev a tous les
symptômes d’un être atteint d’une forme de
schizophrénie. Une pathologie qui chez lui se
traduit par le conflit de deux forces contraires :
une immense acuité d’analyse et une incapacité
chronique à pouvoir unifier sa conscience.
En écrivant, Kerjentsev s’adresse à luimême,
plus encore qu’aux experts qu’il méprise
et à qui il n’accorde pas sa confiance. Pour lui ce
meurtre reste un acte maîtrisé de bout en bout
et pourtant, dans son récit, il accorde une grande
place à l’état de sa pensée en mouvement ; seul
état depuis lequel il est capable de se raconter.
C’est un paradoxe qui sous-tend le texte
de la pensée :par l’écriture — la mise à jour du
souvenir du meurtre — l’assassin revendique
la conscience de son acte et voit dans le même
temps sa part d’ombre détruire la logique de ses
propres raisonnements.
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